Les chrétiens s'apprêtent à célébrer la mort de Jésus sur la Croix, au 25ème jour de confinement en France. A la télévision, on commence à prendre l'habitude de voir le pape François seul, célébrant ses offices. "Une présence indéfectible de l'Eglise, fidèle, quelles que soient les données de l'histoire. Le pape, serviteur des serviteurs est là. Il est là, même si les distances doivent être respectées. Nous sommes avec lui d'une autre manière au service de la communauté des croyants. C'est une présence de prière, d'écoute. On peut écouter le silence et retrouver dans le silence ceux qui nous sont chers mêmes s'ils ne sont pas présents" explique Bruno Marie Duffé, secrétaire du Dicastère pour le service du développement humain intégral du Saint Siège.
S'agissant de cette épidémie, le père Bruno-Marie Duffé, "elle dit la fragilité de notre condition humaine. Elle dit aussi l'enchaînement des crises. On ne peut pas ne pas faire le lien avec les crises écologiques, économiques et sociales que nous vivons. Nous sommes dans cet univers complètement solidaire les uns des autres. Rarement nous avions fait l'expérience de cette solidarité, qui certains jours est terrible. Cette crise dit fondamentalement notre vulnérabilité".
Ce virus agit également comme un révélateur des inégalités, en France et dans le monde. "Parler d'inégalité, c'est mal reçu car on remet en cause une manière de se développer, de vivre l'économie, le partage ou plus exactement le non-partage. On est appelé à partager même si on ne le veut pas. Nous avons besoin de nous rencontrer, de dialoguer, de mettre en commun ce que nous savons ou ce que nous avons et de rompre avec une certaine logique. On est devant un certain nombre de défis. Le pape François nous demande d'y réfléchir dans ce dicastère" lance le secrétaire du Dicastère pour le service du développement humain intégral du Saint Siège.
Dans un tel contexte, la tentation pourrait être celle du repli sur soi. "C'est certainement le réflexe que peuvent exprimer certains de nos contemporains. Nous sommes devant la maladie, devant la fragilité humaine, totalement égaux. Il n'y a plus ni riche ni pauvre. Ce que disent les migrants qui viennent frapper à notre porte, c'est un ultime espoir d'avoir un terre où ils pourraient être reçus et protégés. Le même espoir que les gens qui viennent frapper aujourd'hui à la porte des hôpitaux. Que nous soyons installés, que nous ayons des réserves ou pas, nous sommes à cet égard main dans la main" estime Bruno-Marie Duffé.
Hier le Conseil de Sécurité de l'ONU n'a pas réussi à s'entendre sur un cessez-le-feu mondial. "J'ai trouvé l'initiative très forte de demander à ce que l'argent de la guerre devienne l'argent de la vie. C'est de cela dont il s'agit. Les dirigeants avec les interférences des logiques dans lesquelles ils sont pris, n'ont pas pris encore la conscience de la radicalité des décisions qui sont devant eux. Tout se traite en terme d'argent et de pouvoir. L'argent n'est qu'un outil de l'échange. Nous devons faire l'option risquée d'une coopération" rappelle Bruno-Marie Duffé.
Après l'épidémie, tout le monde parle déjà d'un monde neuf. "La mémoire humaine est sélective. Cette mémoire, nous la réorganisons en permanence. La question pour moi est de savoir comment on va garder mémoire de ce que nous sommes en train de vivre. Nous sommes dans une civilisation qui va très vite. Nous allons de plus en plus vite. Un événement chasse un autre. La question c'est de savoir comment nous allons tirer leçon de ce que nous avons vécu" conclut-il.
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