Face à la flambée de l’épidémie à l’école, une nouvelle règle est en vigueur dans les 19 départements confinés : si un cas de Covid-19 est détecté parmi les élèves, la classe doit fermer pour deux à trois semaines. C’est ce qu’a annoncé le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer vendredi dernier. L’objectif est de lutter contre la hausse des contaminations chez les plus jeunes.
Depuis lundi, il y a déjà 3 256 classes fermées sur près de 529 000. Et c’est en Île-de-France où l’on trouve le plus de portes closes. À Drancy, en Seine-Saint-Denis, dans le lycée Eugène Delacroix, ce sont 22 classes qui sont fermées depuis lundi. Un record. Avec la hausse du nombre de cas de Covid-19, des enseignants ont fait valoir leur droit de retrait. Une situation difficile pour tous, notamment pour les élèves. "Ils sont stressés et partagés. Pour une majorité, ils ne souhaitent pas la fermeture du lycée. Ils ont déjà loupé énormément de cours. Et de l’autre côté, ils vont tous les matins au lycée avec la crainte d’attraper le virus", témoigne Denis Le Meur. Ce parent d’élève, représentant FCPE, a sa fille scolarisée en seconde dans l’établissement, où 20 élèves ont perdu un parent mort du virus.
Pour autant, cette mesure ne rassure pas tout à fait les parents d'élèves. Beaucoup ont le sentiment que le gouvernement tente son dernier recours pour ne pas fermer entièrement les écoles. C’est le cas du collectif de parents d’élèves "Écoles et Familles Oubliées", pour qui la fermeture des classes est presque impossible à mettre en place. "On sait que les enfants sont sous testés, notamment les 0-9 ans, et 70 % des enfants sont asymptomatiques. Ça ne veut rien dire 'un cas une fermeture'. On a l’impression que nos enfants sont les premiers de cordées dans cette épidémie. C’est inadmissible de laisser tous ces gens se contaminer comme ça", lâche Vanessa, une maman d'élève du collectif.
Comme elle, certains parents auraient préféré que les établissements soient sécurisés bien plus tôt, avec un système d’aération des classes et un capteur de CO2. Un dispositif qui a déjà fait ses preuves, affirme Antoine Flahault. "On peut sécuriser les écoles en augmentant la ventilation dans les classes et ça se vérifie avec un capteur de CO2 dans les classes. Quand il est vert, c’est bon et quand il passe au rouge, il faut sortir dans la cour", précise cet épidémiologiste, directeur de l’Institut de santé globale à la faculté de médecine de Genève.
Plus de 2500 membres du personnel éducatif des écoles ont été contaminés en une semaine selon les chiffres du ministère de l’Éducation nationale. Les enseignants ne sont pas épargnés. C’est ce qui explique leur droit de retrait parfois, comme à Drancy. Les enfants ne font généralement pas de forme grave de la maladie mais eux potentiellement.
Cela rend la situation particulièrement critique. Les enseignants malades ne sont pas toujours remplacés, ce qui donne lieu à un fonctionnement encore plus dégradé. "Nous avons énormément d’enseignants qui sont cas Covid ou contact et qui ne sont pas remplacés parce qu'il n’y a plus de remplaçants. Les élèves doivent être répartis dans les autres classes. Cela va contre le protocole qui demande de ne pas brasser les élèves. Les enseignants viennent travailler en ayant peur d’être contaminés", alerte Guislaine David, co-secrétaire générale du SNUIPP FSU, le syndicat majoritaire dans l’enseignement du premier degré.
Une des demandes du syndicat était que la classe ferme quand l’enseignant est malade. Cela n’a pas été retenu. Guislaine David espère désormais que les maîtres et maîtresses seront rapidement vaccinés.
Certains parents craignent une fermeture totale des écoles, un scénario pour l'heure écarté par le gouvernement. Ils vont devoir s’adapter et potentiellement faire l’école à la maison, comme au premier confinement. "Il y a la crainte sanitaire et aussi en matière d’éducation et de garde des enfants. On a tous eu beaucoup de mal à faire les cours à la maison. Si on ferme les écoles alors que les parents sont censés travailler, ça serait une véritable catastrophe", affirme Laurent Zameczkowski, président de la PEEP dans les Hauts-de-Seine et ancien candidat La République en Marche aux législatives.
En cas de fermeture d'une classe de leur enfant, les parents vont pouvoir avoir recours à un dispositif d’activité partielle ou d’arrêt de travail.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !