Elu en juin dernier, Daniel Charcellay est officiellement devenu le nouveau bâtonnier du barreau de La Rochelle-Rochefort au 1er janvier 2025. Une nouvelle étape pour l'avocat civiliste de 53 ans. Entretien.
Après deux ans au poste de bâtonnier du barreau de La Rochelle-Rochefort, qui compte 261 avocats, Christophe Belliot a passé la main à Daniel Charcellay. Elu en juin 2024 par ses pairs, l'avocat civiliste de 53 ans a officiellement pris ses fonctions au 1er janvier 2025 et c'est notre Invité Région du 12 février. Il revient pour nous sur les raisons de cette candidature et les défis actuels et futurs de la profession d'avocat.
RCF : Qu'est-ce qui vous a poussé à vous présenter pour occuper le rôle de bâtonnier ?
Daniel Charcellay : J'ai voulu me présenter au suffrage des mes confrères pour tout simplement rendre à la profession ce qu'elle m'a apporté. J'ai prêté serment il y a un certain temps maintenant [1998, NDLR] et j'ai exercé dans un barreau à taille humaine, je connais tous mes confrères ; cela m'a paru important de leur rendre la confiance qu'ils ont pu me témoigner jusque-là et essayer de travailler pour le bien de la profession.
RCF : Quels sont les grands enjeux qui touchent aujourd'hui la profession d'avocat ?
Des enjeux de moyens, essentiellement. La justice a des crédits aujourd'hui qui sont finalement assez limités : si on se place au niveau européen, on sait que la France ne consacre pas un budget extraordinaire au ministère de la Justice.
Quand on parle du ministère, il faut savoir que les crédits vont à la justice elle-même, mais également à la pénitentiaire : toutes les prisons sont gérées sur ce même budget. Donc quand on entend que le budget de la Justice est augmenté, ou a minima maintenu, il faut faire la part des choses.
Aujourd'hui, si vous avez des moyens limités... Vous n'avez pas de juge, vous n'avez pas de justice. Vous n'avez pas de greffier, vous n'avez pas non plus de justice équitable. Et si vous n'avez pas d'avocat, vous n'avez pas de décision juste. C'est absolument indispensable et l'avocat doit rester indépendant et à sa place pour légitimer les décisions de justice rendues.
RCF : Ce manque de moyens se concrétise donc par un embouteillage, par un retard des procédures ?
Oui, cela peut être un retard dans certaines juridictions, en particulier la justice civile ; elle peut, par manque de moyens, de magistrats, de greffiers, voir les délais se rallonger et c'est le justiciable qui est le plus touché.
RCF : Est-ce que des moyens supplémentaires suffiraient ou faut-il une réforme du système judiciaire ?
Les réformes, on en a toujours et elles interviennent toujours en termes de simplification. On ne nous annonce jamais une réforme pour compliquer les choses. En réalité, il faut être efficace et gérer des flux, il y a des urgences à prioriser. Aujourd'hui, la priorité est d'augmenter le nombre de magistrats en matière civile pour gérer l'ensemble des dossiers en cours.
RCF : Vous avez prêté serment en 1998. Avez-vous constaté une véritable évolution de la profession en près de 30 ans d'exercice ?
Le métier d'avocat a changé et l'arrivée de l'intelligence artificielle va nécessairement avoir un impact. L'avocat aura toutefois toujours sa place : c'est le confident de ses clients et c'est est aussi le traducteur entre le juge et le justiciable. Il aura toujours, à mon sens, cette place privilégiée. Et surtout, il bénéficie du secret professionnel, qui est là pour protéger le justiciable. C'est comme cela qu'une défense peut être utilement bâtie.
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