Nous avons pu accompagner trois députés puydômois à l'occasion de la session parlementaire de rentrée. Retour sur cette journée du Clermont-Paris jusqu'à l'hémicycle.
5h27, quai de la gare de Clermont. Le premier train direction Paris démarre, à son bord une primo-députée : Marianne Maximi. Celle qui vient d'être élue sur la circonscription de Clermont-Cournon fait là un choix assumé. Oui, prendre cette ligne relève presque maintenant de l'acte politique, la ligne étant réputée pour ses nombreux retards. Elle nous confie sans détour le prendre "avec plaisir". Un trajet de près de 3h30 qui selon elle lui permettra de travailler. D'un point de vue plus politique, Marianne Maximi se réjouit d'évoluer dans une assemblée où le "pouvoir parlementaire est au centre de notre démocratie". Ce qui est sûr, c'est qu'elle a déjà enfilé son costume d'élue de la Nation.
La semaine passée, en se rendant au jardin des Tuileries à la rencontre des chercheur du GIEC qui faisaient oeuvre de pédagogie sur la question climatique auprès des élus. Et ce fut "un honneur" selon elle de les rencontrer.
Pour cette fois, le train arrive pile à l'heure à la gare de Paris-Bercy. Direction l'Assemblée Nationale pour y rencontrer une autre parlementaire néophyte, Delphine Lingemann. Dix heures, c'est dans la mythique salle des Pas perdus que nous la rejoignons. Il s'agit là de sa première interview en ces lieux. L'ambiance autour de nous est à la rentrée des classes, pour le moment le ton est léger, et comme l'élue de la mairie de Royat, certains petits nouveaux cherchent encore leurs repères. Mais d'un ton rassuré, Delphine Lingemann nous indique que les huissiers sont d'une aide précieuse, quand le sens de l'orientation est aux abonnés absents.
Le fait d'être là lui fait aussi prendre conscience de son rôle : "Ce que je ressens ? Le poids de ma responsabilité, je me sens obligée envers mes électeurs." L'horloge tourne, la discussion doit être écourtée, elle doit filer en réunion. Un temps prévu avec ses collègues du groupe MoDem. Ce n'est que deux heures et demi plus tard que nous la retrouvons, après la pause déjeuner, Cette rencontre avec son groupe semble avoir été instructive : "Une présentation du groupe a eu lieu, avec notamment un point stratégique qui a été fait en vue des prochains votes, à commencer par celui de la présidence de l'Assemblée" Un moment aussi pour prendre des conseils auprès des plus expérimentés. Delphine Lingemann a été marquée par ceux de Geneviève Darrieussecq, l'ancienne secrétaire d'Etat aux armées puis aux anciens combattants.
Après ce second entretien, il n'est pas difficile de constater que la foule journalistique s'épaissit à l'approche de l'ouverture de la séance. Ils sont nombreux à prendre des impressions et discuter des échéances à venir avec les élus dans les jardins attenant à la salle des Quatre colonnes. Quinze heures moins cinq, la sonnerie retentit, la Garde Républicaine est en ordre de marche, les tambours résonnent dans la salle, la séance va débuter. S'ensuit le vote pour la présidence. Les députés sont tous appelés par leur nom pour voter pour le ou la prochaine président(e) de l'hémicycle (NB : Yaël Braun-Pivet a été élue en fin de journée).
Un moment solennel pour Delphine Lingemann, qui nous redit combien cette journée est marquante pour elle. Une journée d'autant plus symbolique qu'il y a 25 ans, elle était déjà dans le Palais bourbon en tant que collaboratrice de Jean-Paul Bacquet. Pour autant, derrière cette satisfaction personnelle, une déception, "Le comportement de certains élus m'a choqué" dit-elle en écarquillant les yeux. Difficile de comprendre pour elle que "certains élus sortent de l'hémicycle une fois le bulletin de vote déposé dans l'urne". Un usage qui n'est pas une nouveauté mais qui a surpris la néo-parlementaire.
Le brouhaha se fait de plus en plus fort dans la salle des Quatre colonnes où de nombreux députés défilent. C'est à ce moment-là que le téléphone vibre. André Chassaigne nous offre quelques minutes de son temps. "Mais loin des Quatre colonnes, il y a bien trop de monde et de bruit (sic)."
C'est donc dans la salle de bal que nous conduit celui qui entame sa 5ème législature. Un mandat qu'il débute avec humilité selon ses mots. Autour de nous, les tapis rouges et les lustres. Un décorum qui ne semble pas perturbé le moins du monde l'élu de cinquième circonscription, qui est tout sourire à notre micro. Pourtant l'entretien est sérieux. Tout d'abord sur le positionnement communiste dans l'Assemblée : "la marque de fabrique de notre groupe a toujours été d'être constructif et cela doit continuer!" dit-il avec insistance, ajoutant à la parole de grands gestes avec la main.
Quand on le questionne sur les aller-retours de Fabien Roussel, secrétaire du PCF, dans la presse au sujet d'une présence communiste au gouvernement, Chassaigne balaye "Nous n'y serons pas." Il précise : " Ce qu'a voulu dire Fabien Roussel, c'est que notre objectif était de ne fermer aucune porte. Pour ma part j'ai une formule, s'il y avait une révolution copernicienne d'Emmanuel Macron, là nous pourrions envisager autre chose mais ce n'est pas le cas."
La seizième législature est donc bien lancée pour nos élus puydômois. Après cette première journée, l'été sera chaud dans l'hémicycle. La loi sur le pouvoir d'achat devrait occuper les députés courant août.
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