Ce n'est pas forcément ce dont les étudiants rêvaient quand ils entendaient parler de la fac ou des écoles. Depuis le confinement, ils sont contraints de travailler de chez eux, en suivant généralement des cours en visioconférence, sur l’application Zoom par exemple. Loin des bancs de l'université.
Les cours en distanciel sont parfois synonymes de surcharge de travail. "On a des rendus qui se chevauchent les uns sur les autres. On est cantonnés à notre travail toute la semaine et on bouge pas. Je travaille à peu près de 8h à 23h tous les jours", raconte Inès, étudiante de troisième année en école d’architecture, établissement connu pour sa culture du travail soutenu et les périodes dites de charrettes avant des rendus de projets. "Hors confinement, on avait un rythme qui était lourd mais on arrivait à séparer l'école de la maison. Maintenant mon bureau où je dors est aussi le bureau où je travaille. On a la tête que dans la même chose donc on se lasse. J'étais passionnée par l'architecture. Maintenant je veux plus la voir", lâche l'étudiante.
Pour ceux qui débutent dans les études supérieures, cette année peut être encore plus difficile à vivre. Certains étudiants demandent même de l’aide. L’association Apsytude, composée de psychologues spécialisés pour les étudiants, a traité en deux mois, autant de demandes de consultation qu’en huit mois l’année passée. "C'est déjà une période d'adapation très conséquente que d'entrer les études supérieures mais quand, en plus, c'est dans ce climat-là... On leur demande de s'adapter à tout, tout le temps", regrette Laurentine Véron, la cofondatrice.
Si vous êtes dans cette situation, vous pouvez les contacter via leur site ou 06 27 86 91 83.
De l’autre côté de l’écran d'ordinateur, il y a les enseignants. Eux aussi ont dû s’adapter dans l’urgence et faire cours depuis leur salon, derrière une caméra. "C'est un peu étrange. Je me retrouve à faire cours à des carrés noirs qui de temps en temps me parlent. L'enseignement c'est aussi de pouvoir voir dans leur regard quand ils ne comprennent pas. Face à des carrés noirs, ce n'est pas possible", regrette Colin Pourlier-Cucherat, doctorant et chargé de TD en droit à l’Université Toulouse Capitole.
Quand certains étudiants ne comprennent pas, d’autres décrochent totalement. Alors il faut un peu ruser pour attirer leur attention. Certains décident de passer par l'humour, en ponctuant le cours de blagues. D'autres diffusent une musique en ouverture de cours, pour créer un espace virtuel commun. Et pour rompre la communication écrite, il peut être utile parfois d'envoyer des messages vocaux.
C'est ce qu'a décidé de faire Myriam Houssay-Holzschuch, enseignante en géographie à l'Université Grenoble Alpes. Elle tente d'accompagner particulièrement certains étudiants. Car contrairement aux idées reçues, tous ne sont pas parfaitement équipés ni à l’aise pour suivre avec l’informatique. "On a des gens qui suivent le cours sur leur téléphone, qui ont des problèmes de connexion, des ordinateurs trop peu puissants pour travailler correctement", constate l’enseignante au quotidien.
Les cours à distance n'étaient pas forcément pensés dans le fonctionnement des Universités. Les étudiants se rendent habituellement dans des amphithéâtres ou dans des classes pour suivre des travaux dirigés. Le confinement a donc propulsé ces établissements dans le tout numérique. Mais pour Sandrine Rousseau, vice-présidente de l’Université de Lille, les universités ont sû s’adapter. "On a fait que développer ce qui existait déjà. On peut dire aujourd'hui qu'on est prêts à faire du tout distanciel. Chez les étudiants, on a encore beaucoup de travail à faire pour qu'ils puissent suivre le cours", assure-t-elle.
Il faudra encore être patients pour qu’étudiants et enseignants se revoient en face à face. Le retour dans les écoles du supérieur et les universités n’est pas prévu avant la fin janvier. Les présidents de dix universités françaises ont demandé hier à ce qu’elles rouvrent début janvier, avec une jauge de 50%.
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