"C’était quand même intéressant à observer même si le débat était asymétrique. Onze candidats, c’est assez compliqué de les faire tous parler de façon convaincante. La longueur a poussé plusieurs téléspectateurs à déconnecter sur la fin. Enfin, on parle souvent de petits et grands candidats, parfois de façon injuste. Nous avions en face de nous des candidats qui ont des chances de l’emporter et d’autres assez peu préparés, qui se sont très vite essoufflés" déclare Pierre Mathiot, politologue et professeur à l’IEP de Lille.
Pour ce dernier, à part Philippe Poutou qui a opéré un tournant symbolique durant le débat en s’attaquant frontalement à Marine Le Pen et François Fillon sur la question des affaires, la majorité des autres petits candidats est resté en retrait au cours de la soirée. "Ils n’avaient pas grand-chose à dire, ce qui est étonnant à ce niveau d’enjeux pour la France" ajoute-t-il.
Plusieurs candidats ont précisé qu’ils ne souhaitaient pas venir ou participer au prochain débat que doit normalement organiser France 2. "Un débat de cette nature a deux objectifs a priori : le premier objectif est de permettre aux citoyens de préciser leur opinion par rapport aux candidats, l’autre objectif est de faire en sorte que les citoyens choisissent pour qui ils vont voter. Le débat prochain arrive très tard puisqu’il est prévu le 20 avril. Si certains refusent de venir, cela biaise les choses" précise le politologue.
Certains téléspectateurs, qui ont beaucoup réagi sur Twitter, se sont exprimés sur le cas de Philippe Poutou, dont l’attitude agace autant qu’elle séduit. "Philippe Poutou avait choisi de s’habiller comme il s’habille pour se rendre au travail le matin. On est en campagne électorale, il est tout à fait normal qu’un candidat interpelle les autres sur leur probité politique. Il l’a fait dans son style, mais on ne peut pas le lui reprocher" réagit Pierre Mathiot.
Les gros candidats, et notamment Marine Le Pen et François Fillon, ont tenté de lui répondre. Le candidat LR a usé pour cela d’une anaphore qui rappelle celle de François Hollande, sur le "président exemplaire". "François Fillon se cachait un peu dans le débat. Il a manqué de crédibilité sur le sujet. Je ne l’ai pas trouvé convainquant sur cette partie du débat. Par contre sur le reste, il a joué au jeu de celui qui prend de la hauteur" conclut le politologue.
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