Avec le déconfinement, la disparition régulée dans les hôpitaux des masques, gants dans des sacs plastiques le tout destiné à l’incinération, est hélas mis entre les mains désormais dans la rue de quelques personnes frappées d’incivilité, et on trouve ces déchets sur les trottoirs et caniveaux. Les responsables politiques de l’environnement tout comme les personnes chargées du nettoyage quotidien de nos villes s’en plaignent : ces déchets sont trop nombreux et dangereux. Déchet, c’est donc le mot à bien radiographier.
Le mot n’est pas d’hier, puisqu’il date de 1270, avec il faut le dire, une prononciation qui sonnerait bien mal aujourd’hui, puisqu’au tout départ c’est le déchié, e accent aigu. Dès le XIVe siècle disparaîtra la prononciation désagréable pour aboutir au déchet, avec un t, celui qu’on retrouve dans la déchetterie. Mais attention à ce dernier mot, il est d’usage tout récent puisqu’il fait son entrée dans notre langue en 1988 avec on le sait un développement de plus en plus performant, en séparant les déchets toxiques des déchets recyclables. Au passage signalons que le mot « déchetterie » est souple orthographique, puisqu’on le rencontre orthographié dans nos dictionnaires avec deux t ou « d é ch è terie », avec un seul t. C’est le choix qu’a fait l’Académie française précisant que c’était la forme la plus simple. Mais elle ajoute que « la forme déchetterie s’est largement répandue et qu’il est probable que l’Académie étudiera de nouveau le terme lors de la prochaine édition ». On serait évidemment ravi que le mot « déchet » ait au passage perdu de son poids.
Du verbe déchoir et donc du verbe choir. En fait c’est ce qui tombe, ce qui est en trop d’où la définition de Furetière : « Diminution en volume, quantité ou qualité de quelque chose. On peut garder du blé en grenier, du vin en cave, sans beaucoup de déchet ». Eh bien gardons nos masques, sans en faire des déchets dangereux. Et pelons nos fruits avec le minimum de déchet, ajoute mon épouse : tes pelures sont trop grosses… trop de déchet. Bon, bon, je vais essayer de m’améliorer…
Jean Pruvost, lexicologue passionné et passionnant vous entraîne chaque matin dans l'histoire mouvementée d'un simple mot !
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