Vendredi 19 janvier, Emmanuel Macron présente ses vœux aux armées lors d'un déplacement sur la base navale de Toulon. L'occasion d'évoquer le budget de la Défense.
En matière de Défense, l'année 2017 aura été plutôt mouvementée. Trois ministres successifs, une démission inédite du chef d'Etat-major des Armées, un gel de 2,7 milliards d'euros et, au final, un dégel de 1,9 milliard d'euros. Le budget des Armées a vécu sur des montagnes russes ces derniers mois. La Défense va mal, et tente d'accomplir ses missions sur le sol français comme à l'extérieur avec des hommes fatigués, et du matériel usé. Ce malaise a éclaté au grand jour après la démission fracassante du général Pierre de Villiers au mois de juillet dernier.
Ce fameux 19 juillet, le chef d'État-major des Armées démissionne après un profond désaccord avec le président de la République. Une démission inédite dans la Vème République et qui a provoqué un choc au sein des troupes. Au cœur de leur désaccord : les 850 millions d'euros qu'Emmanuel Macron souhaite ôter au budget global de la Défense, pour l'année 2018.
Le général de Villiers s'est expliqué par la suite dans plusieurs médias, ainsi qu'au début de son livre intitulé "Servir" (éd.Fayard). Il y a quelques semaines, interrogé sur RCF, il dressait ainsi un état des lieux de nos armées. Depuis cette démission, certaines questions en suspens ont obtenu des réponses avec la victoire au mois de décembre de la ministre des Armées, Florence Parly, qui a bataillé jusqu'à la veille des fêtes de Noël pour obtenir un dégel de 700 millions d'euros pour les militaires.
La ministre des Armées a par ailleurs déclaré récemment que les arbitrages sur la future loi de programmation militaire 2019-2025, qui détaillera les moyens alloués aux forces françaises, devraient intervenir “à très court terme”, avec en ligne de mire la volonté de bâtir “une armée d'avenir”, selon les mots de la ministre.
Le texte, très attendu par les trois Etats-majors (Terre, Mer, Air) qui se sont efforcés chacun de peser sur les orientations de l'exécutif, notamment en matière de ressources humaines, sera présenté en Conseil des ministres la première semaine de février. Mais lors de son discours qu'il prononcera ce vendredi à l'occasion de ses voeux aux Armées, Emmanuel Macron devrait nous en apprendre davantage sur ses orientations pour la Défense.
Parmi les sujets brûlants, l'avenir des opérations extérieures. Le budget des Armées est sous tension en raison des engagements de la France au Sahel et au Levant. Pas moins de 9 000 soldats sont actuellement déployés à l'étranger, ce qui représente un coût de 1,4 milliards d'euros.
La plus importante de ces opérations, c'est l'opération Barkhane qui mobilise 4 000 militaires à elle seule. Il y aussi une opération au Liban qui comporte 750 militaires ainsi que l'opération Chammal et ses 1 200 soldats entre l'Irak et la Syrie. Il va donc falloir faire des arbitrages. C'est du moins ce qu'estime Bénédicte Chéron, historienne et spécialiste des relations armées-société.
L'opération Sentinelle est elle-aussi un motif de questionnements. Depuis les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Casher, cette opération mobilise également beaucoup de soldats, mais sur le sol français. En tout, ce sont entre 7 000 et 10 000 hommes et femmes qui patrouillent dans les rues pour protéger les Français du terrorisme. Cela représente 10 % des effectifs de l'Armée de Terre.
Aujourd'hui, beaucoup s'interrogent sur l'utilité de l'opération Sentinelle. Dans une étude critique, l'Institut français des relations internationales (Ifri) a qualifié Sentinelle de "coûteuse", "d'inutile", "d'inefficace". Devant les députés, lors des questions au gouvernement du 9 août dernier, Édouard Philippe a rappelé l'objectif de l'opération Sentinelle, suite à l'attaque de soldats à Levallois-Perret.
Le général Vincent Desportes, ancien directeur de l'Ecole de guerre et professeur associé à Sciences Po, fait partie de ceux qui préconisent la suppression de l'opération Sentinelle et son remplacement par un dispositif permettant une meilleure capacité d'intervention de l'armée.
Reste à désormais à savoir ce qu'Emmanuel Macron décidera. En attendant, le chef de l'Etat se rend aujourd'hui sur la base navale de Toulon, et plus particulièrement à bord du BPC Dixmude. Un choix très symbolique puisse que ce bâtiment de projection et de commandement, l'un des trois dont dispose la Royale, appareillera dans quelques semaines à destination de la mer de Chine et de l'Australie pour effectuer la mission Jeanne d'Arc, croisière d'application des élèves officiers de l'Ecole navale.
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