Déjà, tous les Français n’ont pas arrondi leur magot ces deux derniers mois, loin s’en faut. Ensuite, tous les spécialistes nous disent que nous allons revivre de telles catastrophes, en particulier si nous relançons la consommation puisque consommation dit impact écologique, et donc risque accru. Donc aberration complète : on nous dit de consommer frénétiquement pour que l’économie se remette de la pandémie, ce qui veut dire augmenter les risques de nouvelles catastrophes, pandémies, climatiques ou autres, pour cette même économie. On dirait que Mme Pénicaud ou ces journalistes qui nous conseillent de vite acheter une grosse voiture neuve n’ont rien compris, qu’ils n’ont vu qu’un accident de l’histoire et ne voient aucun danger à l’horizon. Mais dans cette injonction à dépenser, je vois aussi un système arrivé au bout de sa logique.
Déjà, je note qu’une économie qui se dit libérale, libre, se met à nous donner des ordres si nous ne faisons pas ce qui lui convient, ce qui est pour le moins préoccupant. Et cet ordre nous dit deux choses. La première, c’est que nous aurions l’obligation de consommer même si nous ne le désirons pas, parce que « c’est vital pour la relance ». Nous serions dans un système économique qui ne peut qu’avancer ou chuter, même si on avance en direction d’un gouffre. C’est la fuite en avant à l’état pur. Cela signifierait que pour donner un travail et un revenu décent à tous, il faudrait que tous nous achetions ce dont nous n’avons ni envie ni besoin. Est-ce que demain on va nous imposer un quota de kilomètres à faire en avion pour sauver telle compagnie aérienne ? La logique de croissance commence à toucher à l’absurde. D’autre part, cette injonction à consommer fait appel au compulsif, à l’instinct. « Votre drogue vous a manqué, elle est de retour, ne pensez pas, lâchez-vous ! » C’est vraiment un drôle de modèle qu’on essaie de nous imposer là. Non seulement on sait qu’il est ravageur sur le plan écologique, parce qu’incapable de se limiter, mais en plus il est humainement dégradant. On aurait donc un modèle qui ne respecte plus la dignité de l’homme.
En fait, cette injonction de la ministre réduit les aspirations de l’homme à la consommation, comme si on ne pouvait rien attendre d’autre de la vie, et sa liberté, au produit qu’il va choisir dans le rayon. C’est une drôle d’anthropologie, une caricature d’humanité assez lamentable. La liberté, le travail, tout est vidé de son sens dans cette histoire. On ne peut pas repartir sur des bases pareilles.
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