Il y a un an, le 5 octobre 2021, la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l'Eglise rendait son rapport. Avec ce chiffre marquant de 330.000 mineurs abusés en 70 ans par des prêtres, religieux ou laïcs en mission d'Eglise. Quelles suites en Haute-Savoie? Entretien avec Michel Henry, diacre et responsable de la CAAVAS, la cellule diocésaine qui écoute et accueille les victimes.
RCF Haute-Savoie : Est-ce que la publication du rapport de la CIASE a incité de nouvelles personnes à contacter la Cellule d'Accueil et d'Accompagnement des Victimes d'Abus sexuels du diocèse d'Annecy (CAAVAS) ?
Michel Henry : Oui, de manière conséquente. La CAAVAS existait depuis 2016. En 5 ans, 20 victimes nous avaient contacté. Depuis la publication du rapport il y a 1 an, nous avons reçu 16 appels. Dont plusieurs dans les jours qui ont suivi.
RCF Haute-Savoie : Comment accueillez-vous ces victimes ?
Michel Henry : Nous proposons de les rencontrer. S'il est possible d'entamer une démarche judiciaire, nous les accompagnons. Sur demande, nous pouvons transmettre les coordonnées de psychologues. En tant que cellule diocésaine, nous proposons aussi aux personnes victimes de rencontrer l'évêque. Un tiers des victimes ont souhaité vivre cet entretien.
Les catholiques attendent avec impatience de voir comment seront appliquées les recommandations du rapport
RCF Haute-Savoie : Des groupes et paroisses du diocèse d'Annecy ont organisé des réunions, suite à la publication du rapport de la CIASE. Comment analysez-vous sa réception par les catholiques haut-savoyards ?
Michel Henry : Dans les rencontres que des membres de la cellule ont animées, la stupéfaction des participants dominait. Une grande douleur, aussi, de voir qu'autant d'abus avaient pu être commis au sein de l'Eglise. La question de "l'après-rapport" était aussi une préoccupation. Le 8 novembre 2021, la Conférence des Evêques de France a reconnu la responsabilité institutionnelle de l'Eglise. Des commissions, pour travailler sur l'application des recommandations du rapport, ont été mises en place. Cela a suscité un grand espoir au sein de notre Eglise. Les catholiques attendent; avec une certaine impatience je crois, de voir ce qui sortira de ces groupes de travail.
La CIASE a conduit l'Eglise sur un chemin de vérité.
RCF Haute-Savoie : D'ailleurs, des victimes haut-savoyardes ont-elles déposé un dossier auprès de l'Instance Nationale Indépendantes de Reconnaissance et de Réparation?
Michel Henry : Oui, plusieurs victimes originaires de notre diocèse se sont adressées à l'INIRR. D'autres, abusées par un religieux, ont contacté la commission mise en place par la Conférence des religieux et religieuses de France. Les personnes qui contactent ces instances veulent avancer sur la question de la réparation. Et, pour certaines, demander une réparation financière.
RCF Haute-Savoie : Comment prévenir les abus sexuels sur mineurs aujourd'hui?
Michel Henry: La libération de la parole nous a permis d'être plus attentifs aux signes qui, dans l'attitude ou le comportement des enfants, peuvent alerter. Les parents y sont plus sensibilisés. Nous devons aussi, collectivement, être attentifs à la parole des enfants. Beaucoup de victimes nous ont raconté comment elles avaient essayé d'en parler à leurs parents... avec une fin de non-recevoir! Ce rapport de la CIASE a conduit l'Eglise sur un chemin de vérité. C'est douloureux. Mais comme il est écrit dans les Evangiles : la vérité vous rendra libres !
La CAVAAS est joignable au téléphone au 06.47.16.34.66 ou par mail CAAVAS@diocese-annecy.fr
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