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Derrière les députés, le travail de l'ombre des collaborateurs parlementaires

Un article rédigé par Clara Gabillet - RCF, le 30 juin 2022 - Modifié le 30 juin 2022
Le dossier de la rédactionDerrière les députés, le travail de l'ombre des collaborateurs parlementaires

Ils travaillent dans l’ombre des députés mais ils leurs sont indispensables. Les collaborateurs parlementaires sont, au même titre que les élus, des maillons essentiels de la vie de l’Assemblée nationale. Comment travaillent-ils et quel sens mettent-ils derrière leur emploi ?

Assemblée nationale © Mathieu DelmestreAssemblée nationale © Mathieu Delmestre

"Plusieurs métiers en un seul". C'est ainsi qu'Ariane Forgues résume son emploi. "On est à la fois secrétaire de direction, spécialiste juridique à travers les préparations d’amendements, plume. Au niveau de la circonscription, on est aussi chargés de relations publiques avec tous les interlocuteurs qui nous sollicitent. On travaille également sur la vulgarisation de la vie politique pour les citoyens et le conseil politique", explique cette collaboratrice parlementaire de la député La République en Marche Caroline Janvier, également nouvelle présidente de l'association des collaborateurs progressistes. 

 

Des petites mains invisibles qui s’affairent à préparer les dossiers et organiser les rendez-vous de leur élu. Les journées de Victoria Jolly ne se ressemblent pas. "Il y a souvent un vrai travail de veille de la presse. [...] Et puis, après on a tout un tas de traitement de mails, des demandes de citoyens, des invitations. Ça peut-être aussi d’accompagner notre député ou de le remplacer à des événements", détaille l'ancienne présidente de l’Association des collaborateurs progressistes (ACP), qui travaillait avec la député LREM Cécile Rilhac.

 

Ces assistants sont employés par leur député, non par l’Assemblée nationale. Ils sont liés par un contrat de travail de droit privé. Chaque député dispose d’un crédit de plus de 10.000 euros pour employer jusqu’à cinq collaborateurs. On compte environ 2000 assistants au Palais Bourbon.

 

Un travail politique mais pas militant

 

Les collaborateurs ont pour mission d’assister l'élu pour lequel ils travaillent mais ne prennent pas part à la partie militante de sa fonction. Même si certains estiment essentiel de travailler avec un député avec lequel ils partagent les idées ou les valeurs.

 

D'autres changent parfois de couleur politique, en travaillant pour un autre élu. Actuellement, les députés du Rassemblement national cherchent environ 300 collaborateurs après l’élection de 89 d’entre eux. La tâche n’est pas facile. Tous ne sont pas forcément prêts à travailler avec le RN et c’est encore plus difficile pour les élus de trouver des assistants expérimentés.

 

Les collaborateurs ont aussi le pouvoir de faire avancer certaines idées. "En général, ce sont les collaborateurs qui écrivent les amendements des députés et il n’est pas rare que ce soit eux qui lancent l’idée ou la spécificité au niveau juridique. Là où on a un sentiment d’être utile à l’intérêt public, c’est de voir un amendement sur lequel on a travaillé, intégré dans un texte de loi", affirme Ariane Forgues. 

 

Un travail plus difficile avec un Assemblée très hétérogène ?

 

Dans ce contexte politique particulier, où la majorité présidentielle n'est que relative, le travail des collaborateurs peut-il changer ? "Il va y avoir besoin de s’adapter", répond Victoria Jolly. Peut-être qu’il faudra, dans les conseils politiques qu’on pourra apporter à notre parlementaire, identifier quels sont les politiques au sein du groupe et des oppositions qui sont assez alignés."

 

Une souffrance au travail dénoncé par des collaborateurs

 

Plusieurs faits de souffrance au travail ont été mis au jour ces dernières années. Certains subissent des pressions, des licenciements abusifs, parfois même du harcèlement. La députée LREM Laetitia Avia, récemment réélue, est visée depuis l’année 2020 par une enquête pour "harcèlement moral" après des plaintes d’anciens collaborateurs. 

 

"Quand on identifie les députés qui posent souci, derrière il ne se passe rien. Certains ont été réinvestis ou ont accédé à des responsabilités... Ce qu’on aimerait, c’est que le jour où on sait que des élus se comportent mal, il puisse y avoir des sanctions, en tout cas pas une omerta", regrette Victoria Jolly.

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