C’est une opération qui s’est lancée il y a 11 jours. Elle vise à fournir 10.000 respirateurs artificiels en 50 jours aux hôpitaux. Tout a commencé avec l’envoi d’un SMS par la secrétaire d’État, Agnès Pannier-Runacher, à Benoît Potier, le PDG d’Air Liquide, seul fabricant français de respirateurs. Il venait d’annoncer le triplement de sa production en avril pour fabriquer 1.100 respirateurs. « Essayons d’imaginer plus », a-t-elle lancé. Deux jours plus tard, avec l’aide du cabinet de la ministre, Air Liquide avait rallié autour de lui le fournisseur d’équipements électriques Schneider Electric, l'équipementier automobile Valeo et le constructeur automobile PSA Peugeot Citroën. Une grande première pour des groupes en général jaloux de leur indépendance.
Et le lendemain, une trentaine d’experts de ces groupes visitaient l’usine de respirateurs d’Air Liquide à Antony. « Nous en avons désossé un devant eux et détaillé ses différents composants », raconte Benoît Potier. Pendant une semaine, ils ont planché dessus. Dimanche, nous étions tous opérationnels.» 10.000 respirateurs en cinquante jours… On ne se rend pas bien compte. Jusqu’ici, Air Liquide en produisait environ 100 par semaine. Là, ce sera vingt-cinq fois plus en rythme de croisière… « En cinquante jours, nous allons produire ce que nous faisons habituellement en trois ans », résume Benoît Potier. Derrière cette opération, il y a la volonté du gouvernement de multiplier par près de trois le nombre de places en réanimation, à environ 14 000, pour faire face à l’afflux de malades. Le consortium produira des respirateurs lourds destinés à équiper ces lits supplémentaires.
Emmanuel Macron a annoncé qu’une dotation spécifique de quatre milliards d’euros a été attribuée à Santé publique France pour les respirateurs, mais aussi notamment à des médicaments et à des masques. Air Liquide s’est engagé à fournir les 10 000 respirateurs à prix coûtant, 3 000 euros pièce. « Le principe est que chacun intervient là où il est le plus efficace, avec à chaque fois, le souci de faire au plus vite », a expliqué Geoffrey Bouquot, le directeur de la stratégie de Valeo, à mon confrère Jean-Claude Bourbon. L’équipementier automobile a l’habitude, par exemple, des montées en cadence très rapides et nécessitant l’utilisation d’une grande quantité de pièces en même temps. « Nous avons examiné la provenance de chaque pièce et vérifier si nous pouvions être approvisionnés correctement », a raconté pour sa part Jean-Marc Brion, directeur du déploiement industriel de Schneider Electric. Parfois, il a fallu trouver d’autres fournisseurs, notamment en Asie pour les pièces électroniques. Et dans certains cas, des éléments ont été redessinés spécialement afin d’être réalisés par des imprimantes 3D. Des entreprises comme Seb ou Michelin ont également été appelées en renfort. Au total, près de 100 fournisseurs assureront l’approvisionnement des 300 composants qui composent les machines. Qui a dit que l’industrie française était morte ?
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