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Des retraites chapeaux sans queue, ni tête !

RCF,  - Modifié le 9 avril 2019
Ces millions d'euros versés aux grands patrons quand ils quittent leur entreprise. Vous en avez déjà entendu parler : ce sont les retraites chapeau.
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Tom Enders le président d’Airbus, Thierry Pilenko le président de Technip, ont en commun d’alimenter en ce moment le scandale des "retraites chapeaux". Vous savez ces rémunérations en millions d’euros versées à certains patrons lorsqu’ils quittent leur entreprise.
 

Que pensez-vous de ces rémunérations exorbitantes ?

J’ai retourné le sujet dans tous les sens et ces polémiques me semblent contre-productives et se retournent déjà contre nous.
 

Mais vous comprenez que des salariés payés au smic puissent être choqués par de telles rémunérations ?

Ces rémunérations ne sont pas des primes discrétionnaires que ces dirigeants s’attribueraient en catimini. Il s’agit de la mise en œuvre de schémas de rémunérations, mis en place de longue date par les organes sociaux des entreprises concernées, conformément à la réglementation applicable, et qui associent des mécanismes d’intéressement, de retraites complémentaires, d’indemnité de départ et de clause de non concurrence, comme des centaines de milliers de salariés peuvent en bénéficier aujourd’hui pour eux-mêmes sans que cela ne choque personne.

Rappelons par ailleurs, que nous parlons ici d’entreprises privées dont les organes de gouvernances fixent la rémunération de leurs dirigeants librement. L’excès en la matière – lorsqu’il existe – est sanctionné non pas par l’Etat, qui n’a rien à faire là, mais par les actionnaires de ces entreprises qui – croyez-moi - n’ont aucune raison de se montrer démesurément généreux à l’égard des dirigeants qu’ils nomment, surtout dans un système capitaliste de plus en plus financiarisé. L’Etat quant à lui fixe les modalités de taxation de ces revenus.
 

Alors quel est le problème ?

Le vrai problème réside dans l’impact désastreux de nos débats sans fin et de nos atermoiements réglementaires. A quoi sert de bomber le torse vis-à-vis d’Airbus, dont le siège social n’est ni à Toulouse, ni à Berlin, mais aux Pays-Bas ? Pourquoi faire semblant de s’émouvoir de la retraite chapeau du président de Technip - ancien fleuron de l’industrie française, il est vrai - dont le siège social est désormais à Londres ?

Pourquoi faire semblant d’ignorer que la plupart des entreprises "françaises" de dimension mondiale font désormais embaucher leurs collaborateurs les plus précieux par des structures néerlandaises, anglaises, luxembourgeoises ou suisses ? Le véritable problème c’est que les états-majors de nos entreprises quittent la France vers des pays où la rémunération des dirigeants ne choque personne et avec eux, toutes les industries de service qui les assistent : banques, conseils, avocats, auditeurs, etc.  

Ce qui se joue ici c’est l’enracinement de nos entreprises françaises en France : c’est un enjeu de gouvernance, de compétitivité et d’influence dans un monde ultra concurrentiel. Personnellement, s’il était en mon pouvoir de faire revenir en France les états majors de ces entreprises en triplant leur rémunération, je le ferai sur l’heure.

Car d’une part vous ne pourrez jamais toucher les cœurs des dirigeants, si leurs têtes - qui portent ces retraites chapeau - sont ailleurs ! Et d’autre part, je pense que la préservation - en France - des centres de décisions de nos entreprises internationales est un "bien commun" qui mérite qu’on y réfléchisse à deux fois avant de crier au scandale, au profit de nos amis européens qui s’en frottent les mains.

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