Les résultats des élections européennes ont un impact direct sur l’équilibre des forces de la Commission européenne, l'organe exécutif de l’UE. Un bras de fer est d’ores et déjà engagé entre le Parlement européen et les chefs d’État. Ils se retrouvent d'ailleurs tous pour une réunion informelle aujourd'hui à Bruxelles. On en parle avec Francisco Roa Bastos maitre de conférences en sciences politiques à Science Po Strasbourg.
"Oui tout à fait, c'est un des enjeux principaux des semaines qui vont suivre avec une des principales questions, c'est de savoir si les députés européens, en tout cas leur majorité, arrivera à imposer ce système des têtes de liste, ce qu'on appelle les spitzenkandidat, qui a déjà été mis en place en 2014 pour l'élection de Jean-Claude Juncker, s'ils arriveront à l'imposer face aux chef d'États et de gouvernements du Conseil européen. "
"Voilà, alors tout ça c'est ce qui est indiqué dans les traités, alors c'est fragile, puisque concrètement ce qui est indiqué c'est seulement que les chefs d'État et de gouvernement du Conseil européen doivent tenir compte des résultats des élections, ou plutôt même des élections européennes, ce qui laisse la porte ouverte à une interprétation et à des rapports de force politiques assez largement. Les chefs d'État et de gouvernement peuvent, d'ailleurs certains l'ont déjà annoncé, très bien décider de passer outre, ce qui va compliquer du coup les relations avec le parlement européen qui dans sa majorité souhaiterait au contraire que ce système persiste."
"En fait la période qui s'ouvre va être très compliquée parce qu'on a une série de postes, ceux que vous avez nommés et même d'autres, le président de la Banque centrale européenne par exemple, qui vont être renouvellés dans les mois qui viennent, donc la nomination d'un nouveau président ou d'une nouvelle présidente de la Commission doit aussi être analysée en fonction de ce qui va se passer dans les négociations générales pour les autres postes."
"Oui c'est vrai que effectivement les italiens pour l'instant avaient le président du parlement européen, Mario Draghi à la banque centrale évidemment, on va effectivement avoir à mon avis un changement à ce niveau là, au niveau des équilibres nationaux, puisque, les italiens, du fait de la configuration nationale de leur gouvernement seront sans doute moins soutenus que par le passé par les autres chefs d'État et de gouvernement. Tout ça est évidemment très complexe, mais je pense que plus que les candidatures nationales, il va falloir voir comment se règlent les grands équilibres par groupes de pays, notamment entre l'Est et l'Ouest."
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !