Dans le même temps, avec la chute de Daech en Syrie, se pose la question du retour des djihadistes français. Depuis 2012, le monde et la France n’ont cessé de subir la violence haineuse du terrorisme islamique.
Doan Bui est la Grande Invitée de la Matinale. Elle a couvert le premier procès Merah. Reporter à l’Obs, prix Albert Londres en 2013 pour un reportage sur les migrants, elle est l’auteur avec Leslie Plée de l’album "C’est quoi un terroriste ?" (coéd. Le Seuil Delcourt). La journaliste a beaucoup écrit sur ce procès. Elle a voulu prolonger son travail d’écriture par cet album.
"Il y a ce qu’on écrit, et ce qu’on n’écrit pas. Ce procès était le premier grand procès du terrorisme. J’ai réalisé à quel point notre pays avait changé, à quel point nous avions changé. Tout est remonté pendant ce procès où effectivement il y avait dans la salle le frère du tueur, les familles des victimes. Et tout ce questionnement que j’ai pu avoir en tant que journaliste sur comment on raconte le terrorisme, comment on tente d’expliquer la radicalisation, était concentré dans ce procès" explique-t-elle.
Abdelkader Merah comparaît donc en appel pour association de malfaiteur terroriste et complicité d’assassinat. Il avait été condamné à 20 ans de prison en première instance, en 2017, mais il avait été acquitté des faits de complicité d’assassinat. Cette fois-ci, l’enjeu "est de réexaminer cet acquittement pour complicité" ajoute Doan Bui, qui témoigne également de la complexité de cette affaire, où l’on a finalement fait le procès d’un fantôme, Mohamed Merah, mais également d’un homme bien vivant, son frère, ce qui est assez rare dans les procès pour terrorisme.
Mais à la différence du procès de 2017, le procès en appel semble moins attirer la foule des grands jours. "En 2017, c’était la première fois qu’il y avait justement à la fois la parole des victimes, et la famille Merah venue comparaître à la barre. Là, peut-être qu’on a connu trop d’attentats. Mais je ne veux pas employer le mot de lassitude que je trouve horrible pour les victimes" lance la lauréate du Prix Albert Londres.
Dans son dernier ouvrage, Doan Bui pose la question suivante : "c’est quoi un terroriste ?". Elle confesse ne pas avoir trouvé la réponse. "Je n’ai toujours pas cette réponse. C’est pourquoi je continue à suivre ces affaires. On n’a pas de réponse à ça. Plus on enquête, plus on voit que les parcours sont divers. Il n’y a pas une seule façon, pas un seul profil car c’est une matière humaine. Le mot monstre qui est assez pratique, car il permet de dire que ces gens ne sont pas comme nous" conclut la journaliste.
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