Les chrétiens entrent en Carême, mercredi 14 février, à l'occasion du Mercredi des Cendres. L'occasion de réfléchir à la notion de sobriété, et à notre rapport à l'environnement.
Depuis "Laudato Si’", les catholiques ne cessent d’entendre parler d’écologie intégrale. "Une conversion n’est jamais terminée. Il y a des lieux qui s’y mettent de plus en plus, et ça c’est une bonne nouvelle. Mais il faudra encore deux ou trois générations à mon avis" explique Dominique Lang, prêtre assomptionniste, journaliste à Pèlerin, spécialiste de l’écologie, qui ajoute que "ce sujet qui n’en était pas un dans les communautés chrétiennes est entré dans tous les réseaux, dans les paroisses, souvent avec des volontés plus ou moins fortes mais beaucoup ont senti que c’était une opportunité pastorale, pour relancer un peu la marche".
Dans ce domaine, les chantiers pour les catholiques sont nombreux. "Il faut mettre des nuances. Nous ne sommes pas tous au même niveau sur ce terrain. Les générations n’ont pas la même sensibilité par rapport au progrès, à la consommation. Il faut permettre à chacun d’avancer là où il en est et à son rythme. Mais les chantiers sont importants, le dialogue avec la société notamment. Il n’y a pas que les sujets de bioéthique qui nous intéressent et ce serait important que les chrétiens soient présents sur des sujets comme Notre-Dame-des-Landes par exemple. Il faudrait être aussi à la fois dans l’annonce de la Bonne Nouvelle et dans la dénonciation de tout ce qui défigure le monde" précise Dominique Lang.
Sur ce genre de sujets, Dominique Lang prône le dialogue et la nuance. Mais le risque de tomber dans la radicalité existe. "Il y a parmi nous des prophètes, des gens qui parlent fort, des gens qui sont engagés depuis longtemps, qui prennent des risques, pour défendre des populations, lutter contre des projets délirants. On a besoin également de sages, de gens qui ont du recul, de l’expérience, et qu’il faut tracer un chemin plus discret afin de changer le cœur des puissants" précise le journaliste.
Malgré tout, la règle, c’est le dialogue. "L’Eglise est dans le dialogue. Elle n’est pas là pour être en surplomb de la société, mais pour garder ouvert au cœur de la société des lieux d’espérance, des lieux où des hommes et des femmes reconnaissent la bonté à l’œuvre dans leur vie. Mais on peut aussi profiter de ces espaces de dialogue pour noyer le poisson. Au nom du dialogue, des décisions sont prises et nous nous retrouvons devant le fait accompli" lance encore Dominique Lang.
Un dialogue qui n’est pourtant pas toujours simple entre les différents acteurs concernés par l’environnement, qu’il s’agisse du lobby agro-alimentaire, des associations environnementales, des agriculteurs. "Il faudrait déjà que l’on défende le dialogue dans le monde agricole avant de forcer le dialogue avec des gens qui n’en font pas partie. Si déjà nous chrétiens ou d’autres, on aidait les agriculteurs à se parler entre eux, car il y a de fortes divisions dans le monde agricole. Ce monde souffre. On ne trouve pas la solution. Mais cela bouge. Les gens se réveillent et prennent conscience qu’on ne peut pas continuer comme ça" analyse le prêtre assomptionniste.
Le Carême est associé à la sobriété. Un mot qui fait partie du vocabulaire de l’écologie intégrale. Un mot assez tendance, mais qui doit trouver son sens, en 2018. "C’est plus tendance que pauvreté. Le mot sobriété qui n’est pas un mot chrétien, n’est pas là pour nous faire souffrir, mais nous faire prendre la mesure que nous ne sommes qu’une créature, que c’est déjà merveilleux, mais qu’en tant que créature, nous ne sommes pas tout puissant. Et que le meilleur moyen de respecter les autres, c’est d’avoir une vie simple assumant ses limites" conclut Dominique Lang.
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