Une donnée ou des données, ce n’est bien sûr pas le verbe à l’infinitif avec er à la fin, mais un participe passé du verbe donner. Avec un e accent aigu, mais qui est devenu un nom féminin en y ajoutant le e du féminin et un article.
Le verbe donner a une histoire liée au verbe latin donare, faire don, qui se rattache à une racine indo-européenne do, qui exprimait la notion d’échange. D’où aussi le latin dosis la dose, et dotare le fait de doter quelqu’un de quelque chose. De fait du grec on retient aussi les mots en dor, par exemple les mois révolutionnaires, thermidor, fructidor, qui « donne » de la chaleur, des fruits, ou encore le prénom Théodore, don de Dieu.
Au reste, en parallèle aux données informatiques existe aussi ce mot latin pluriel data, qui veut dire « les données au pluriel ». Data fut même un temps le titre d’un dictionnaire chez Larousse et qui en terme de télécommunications qualifie les données qui peuvent circuler sur un réseau informatique.
En français on a retenu la data, pour dire, dans le domaine de la philosophie, les faits scientifiques connus, points de départ de recherches futures. Au masculin et en tant qu’anglicisme, on a aussi eu récemment le Big data, un domaine technologique inventé par les géants du web, de la toile numérique pour parler bien français, à la recherche de solutions pour un accès en temps réel à des bases de données géantes.
Pour en revenir au verbe donner, il est présent en 842 dans nos Serments de Strasbourg, notre premier texte connu écrit en français, c’est-dire s’il est consubstantiel de notre langue et de son histoire. Pour autant, il faudra attendre 1755 pour avoir une première attestation d’une donnée au féminin, avec le sens actuel, celui d’un élément fondamental servant de bases à une recherche, puis en statistique, le résultat d’observations. Mais auparavant, au Moyen Âge, une donnée au féminin, avait un sens magnifique qu’hélas on a oublié.
Encore consignée par Littré au XIXe siècle, la donnée, c’était tout simplement la « distribution d’argent aux pauvres ». On parle même par exemple chez Amyot, de « données publiques ». Eh bien je suis inquiet quant à l’usage de nos données personnelles, mais très favorable à la donnée publique. Par exemple, une donnée de fruits …et de dictionnaires, ce serait bien !
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