Pour Alexandre Poidatz, la radicalité est nécessaire en écologie. Pour trois raisons. D'abord parce qu'il faut aller à la racine des problèmes. Ensuite, parce que pour aller au bout des choses il faut parfois recourir à "des actions non conventionnelles, comme la désobéissance civile". Enfin parce qu'une transformation structurelle de nos sociétés est nécessaire.
La radicalité est absolument nécessaire. Malheureusement, je sais que le mot est perçu négativement. On l’associe à "des écoterroristes, des khmers verts, des Amish qui veulent retourner à la bougie", et j’en passe. Toutes ces invectives s’adressent aux messagers, en essayant de les discréditer. Je préfère m’intéresser aux messages de radicalité qu’ils portent. J’en vois trois.
La première radicalité est celle qui nous invite à aller à la racine des problèmes. D’ailleurs, c’est l’étymologie du mot radicalité. S’attaquer aux causes profondes du dérèglement environnemental, et pas qu’aux symptômes, est nécessaire. Il y a des racines techniques comme notre dépendance aux énergies fossiles, et il y a des racines au sein du cœur de l’homme, comme la recherche permanente de profit. Le message est simple : est-ce suffisant de faire la transition sans radicalité ? Non. C’est pourquoi elle est nécessaire.
C’est le 2e message de la radicalité écologique : aller au bout des choses en recourant à des actions non conventionnelles, comme la désobéissance civile. De façon assez surprenante, le Pape légitime ces actions dans Laudate Deum lorsque qu’il dit que "les actions des groupes fustigés comme "radicalisés" (…) comblent un vide de la société dans son ensemble qui devrait exercer une saine pression" (LD58).
Ces actions sont nécessaires dans la mesure où, ces personnes qui suivent leur vocation, sont authentiques. Il y a quelque chose de christique dans s’engager intégralement pour une cause commune. Lorsque les décideurs n’écoutent pas les constats scientifiques élémentaires, cette pression est nécessaire.
Car le problème, ce n’est pas la contestation, mais l’inaction. Ce n’est pas l’écologie qui est excessive, mais la réalité qui est cruelle. La réalité ce sont des millions de canadiens touchés par les feux de forêts, des français sans eau potable en mai, 43 millions d’enfants déplacés à cause du réchauffement climatique…
Parce que le 3e objectif de la radicalité n’est pas encore advenu : transformer l’ordre existant. On voit de plus en plus de végétariens, de gens qui arrêtent de prendre l’avion, etc. C’est nécessaire. Mais, en parallèle, des banques et des gouvernements continuent de financer les énergies fossiles ; des multinationales investissent plus dans la publicité que dans les énergies renouvelables.
Nous sommes contraints de vivre dans ce système qui nous est imposé par les décideurs. L’action individuelle n’est donc pas suffisante pour entraîner la transformation écologique. Résoudre le problème climatique, on l’a dit, c’est s’attaquer aux causes profondes, mais aussi avoir le pouvoir de faire changer de route.
En conclusion, il faudrait qu’Emmanuel Macron devienne radical. Car avec un grand pouvoir, vient une grande responsabilité.
Jeunes de la "génération climat", Alexandre Poidatz et Stacy Algrain livrent en alternance, chaque semaine, leur regard sur l'écologie et leurs clés pour changer le monde.
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