ÉLECTIONS 2017 - Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, Benoît Hamon... Aujourd'hui, Stéphanie Gallet consacre son émission à François Fillon et à sa campagne.
Pourquoi Fillon l’a-t-il emporté si largement? Au lendemain de la primaire de la droite et du centre, place à l'analyse "d'un événement majeur", selon Laurent Greilsamer. François Fillon devenu hier et de façon incontestable le candidat de la droite à l’élection présidentielle. Son incroyable ascension a défié tous les pronostiques. Celui qui stagnait autour de 10%, et que l'on tenait pour le troisième homme de la primaire, tient une belle revanche: une belle légitimité électorale et un beau pactole pour mai 2017.
Plus de 4 millions de Français se sont déplacés pour choisir à plus de 66% l’ancien premier ministre et député de la Sarthe. La plupart des observateurs n'avaient pas vu venir François Fillon, ou plus exactement le phénomène Fillon. Ce n'est que dans "les dernières semaines" que "la pente de la courbe Fillon" dans les sondages "était vertigineuse", explique Laurent Bouvet.
Et pourtant, ces-mêmes observateurs parlent d'une "alchimie" d'un "moment Fillon". Selon Samuel Pruvot, on a à droite le sentiment qu'il est "le bon homme au bon endroit". Pour le rédacteur en chef à Famille Chrétienne, il est la conjonction réussie de "l'homme", du "style" et du "programme" jusque là "invisible" et qui "maintenant saute aux yeux". Le vote Fillon est aussi une envie de tourner la page Nicolas Sarkozy, un désir de réforme profonde et un besoin d'une autorité incarnée.
"L'homme qui fait de ses défauts des qualités", selon un article de Michel Urvoy (2010), est un tavailleur et un persévérant. Le sarthois bénéficie - atout non négligeable - d'un fort ancrage territorial. Laurent Greilsamer rappelle que celui qui l'a emporté dimanche est aussi un "cabossé de la politique" qui a vécu dans la souffrance, "mais droit dans ses bottes", les humiliations du quinquennat Sarkozy. Qui eût cru que celui qui "n'était pas sorti grandi" de son combat "fratricide" en 2012 avec Jean-François Copé l'emporterait dimanche? Le directeur du "1" salue le "coup d'ardoise magique" d'une partie de la droite.
Libéralisme économique, conservatisme sur les questions de société et un tropisme russe pour les relations internationales. Le programme, qui semble précis, de François Fillon a séduit une droite qui, selon Laurent Bouvet, a enfin trouvé son candidat idéal. "Pour la première fois depuis des décennies la droite a un candidat qui lui ressemble." Laurent Greilsamer pointe d'ailleurs ici une différence essentielle entre les deux finalistes: "Finalement François Fillon incarne l'exact point d'équilibre de la droite française alors que Juppé incarne le point d'équilibre de la société française."
François Fillon a manifestement gagné à lui une "France catholique, conservatrice, bourgeoise qui sent que c'est son moment historique", observe Laurent Bouvet. Mais, comme le dit Michel Urvoy, de cette cohérence-là qui sied à droite, Fillon va devoir "sans trahir" et "sans se renier" passer au projet de candidat à la présidentielle. Cette "droite qui court très vite et espère l'emporter" comme la désigne Samuel Pruvot, va devoir garder le rythme.
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