Un déplacement qui intervient après la large victoire des nationalistes à l’élection territoriale du 10 décembre. Deux ans seulement après les régionales de décembre 2015, les Corses ont élu les 63 membres de la Collectivité territoriale unique de Corse, une première en France métropolitaine.
Cette nouvelle assemblée, qui fusionne les deux anciens Conseils départementaux et l’ancienne collectivité territoriale, est entrée en fonction le 1er janvier dernier. Avec 41 élus, les nationalistes n’ont jamais été aussi majoritaires.
Fort de leur victoire aux dernières élections, les nationalistes ont appelé le gouvernement à ouvrir un dialogue constructif sur l’avenir institutionnel de la Corse. Dans cette optique, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni ont été reçus, tour à tour la semaine dernière à Paris, par le Premier ministre et les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale.
Mais les deux leaders nationalistes ont jugé ces entretiens décevants, regrettant que les représentants de l’Etat refusent de reconnaître et de prendre en compte la dimension politique de la question corse. "On ne peut pas aller dans une discussion dans laquelle on nous demande de renoncer à tout par avance. Ce n’est plus une discussion, c’est une capitulation", ont jugé les 2 hommes qui appellent du coup à une grande manifestation populaire, samedi prochain, à Ajaccio.
Si les nationalistes espèrent rassembler très largement dans les rues d'Ajaccio, ils insistent sur le caractère pacifiste de cette manifestation. Leur objectif est bien d’obtenir de l’Etat l’ouverture d’un dialogue autour de ce qu’ils considèrent comme leurs "points fondamentaux" à savoir notamment le statut de résidant et la langue.
Le dernier grand chapitre concerne l'amnistie des prisonniers corses dits politiques et donc leur libération. Début janvier, en visite à Ajaccio, la secrétaire d’Etat, Jacqueline Gourault, avait fait une concession de taille : la possibilité pour certains de ces détenus de purger leur peine sur l'île.
Si les nationalistes sont aujourd’hui majoritaires, tous ne veulent pas in-fine l’indépendance de la Corse. C’est le cas des partis minoritaires à l’Assemblée territoriale dont le groupe d'opposition Anda per Dumane LREM. Lors de sa visite en Corse, Jacqueline Gourault a réaffirmé l’une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron, l'introduction d'un "droit à la différenciation" dans la Constitution.
Depuis l’élection de la nouvelle assemblée de Corse, les plus nationalistes des élus, Jean-Guy Talamoni en tête, ont remisé dans un tiroir leur rêve d’indépendance, sans l’abandonner pour autant. Ils jouent la carte du pragmatisme au moment où ils doivent prouver leur aptitude à gérer l’exécutif de l’île de Beauté. C’est pourquoi, ils prônent une autonomie élargie. Un sujet dont le chef de l’Etat pourrait évoquer en prolongeant sa visite en Corse.
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