Je ne sais pas vous, mais je trouve que la semaine écoulée, a été sacrément riche en évènements et en nouvelles réjouissantes ! D’abord samedi, il y a 10 jours, c’est Romeo, un jeune chef scout en sortie avec les jeunes de sa tribu, qui se jette dans l’Yonne, comme ça spontanément, sans réfléchir !
Pas pour faire le malin, non pour porter secours à un pêcheur tombé de sa barque ! Rappelant le geste similaire de Mamoudou Gassamma portant secours à jeune garçon suspendu dans le vide, en escaladant la façade d’un immeuble.
Ensuite, le mercredi, il y a eu l’anniversaire du traité de l'Elysée entre l’Allemagne et la France, signé par le Général De Gaulle et Konrad Adenauer au siècle dernier.
Le lendemain, jeudi c’était la commémoration de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz Birkenau.
Eh bien si, il faudrait regarder les choses en se disant que De Gaulle et Adenauer n’auraient jamais pu sceller cette amitié franco-allemande institutionnalisée, si, au préalable, des milliers de jeunes, de femmes et d’hommes plus mûrs, ne s’étaient tendu la main par-dessus la frontière pour dépasser les haines passées.
Sur la route de retour des camps, des anonymes et des personnes plus illustres comme le sociologue Edgar Morin ou Simone Veil marchaient côte à côte égaux face à l’épreuve de la Shoah.
N’oubliez pas qu’au mémorial de Yad Vashem, il y a le pavillon des justes, le pavillon de ceux et celles pour qui la Fraternité et la Solidarité sont devenus des actes.
Certes, ce n’est pas faux, on peut le voir ainsi, mais on peut aussi se dire que les uns comme les autres semblent mus par le sentiment que l'autre en détresse ou vaincus, est avant tout un semblable, un frère, comme partageant la même communauté de destin.
Que réagissant face à l’adversité, ils incarnent des moments de fraternité, ainsi que les nomme Regis Debray, faisant d’ailleurs état que le combat contre l’adversité est le moteur de l’action « fraternitaire », signifiant que la fraternité est plus affaire d’instant que d’état stable et durable, qui sans cesse demande à être renouvelée, au risque sinon de la fixer au fronton des monuments publics sans se soucier de la réalité de ce qui s’y vit réellement, d’en faire un beau concept, sans prise sur la réalité.
Dès lors qu’est-ce qu’éduquer à la fraternité et à sa version féminine la sororité ?
N’est-ce pas provoquer des occasions permettant aux jeunes de l’exercer dans les faits et se réjouir de ces instants d’humanisation de notre société, de notre prise de conscience renouvelée d’interdépendance, du lien fondateur entre personne et communauté ?
N’est-ce pas soutenir les jeunes dans leur intuition que le compte n’est pas bon, et qu’il est juste de penser qu’il est de la responsabilité de chaque génération de l’incarner selon les adversités du moment.
Et de vivre cette impérieuse nécessité, non comme Sisyphe poussant son rocher, sans y parvenir, mais en faisant sienne la belle et connue expression d’Albert Camus, lors de la réception de son prix Nobel de littérature en 1957 :
"Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. "
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