Le pape François vient de publier une nouvelle encyclique sur la fraternité, intitulée "Fratelli tutti". Tout au long de ses 90 pages et de ses 8 chapitres, le pape François appelle à une amitié sociale. François Euvé, prêtre jésuite, théologien et rédacteur en chef de la revue Etudes, analyse ce nouvel ouvrage.
Le pape François part d’un constat assez sombre de la société, observant que "plus les contacts s’établissent, plus on se trouve isolé". Au-delà d’un défaut, "c’est un défi de faire en sorte que l’augmentation de ces communications correspondent à plus de solidarité", commente François Euvé. Dès le début de l’encyclique, le pape se référe à Saint-François d’Assise. Une perspective dans laquelle "la fraternité est fondamentale".
L’encyclique va plus loin que de penser la fraternité au sens général. Cette fraternité doit adopter une dimension politique. "C’est une encyclique sociale mais qui a une forte action politique. Le christiannisme a des choses à dire à la société sur la politique" explique François Euvé. "Il y a un rapprochement entre le personnel et le politique. La fraternité a un impact sur la vie de la société”, ajoute-t-il avant de conclure : "on a besoin d’institutions qui expriment cette solidarité".
Toutefois, il ne faut pas oublier "l’importance du niveau local, de l’ancrage, mais aussi d’un espace de co-responsabilité. N’attendons pas tout du sommet. Chacun à sa place dans la vie et la société", explique François Euvé
C’est à travers cette logique que le deuxième chapitre de l’encyclique est consacré à l’étranger. "C’est vraiment l'insistance sur la notion de bien commun universel qui est marquée ici. Il ne peut y avoir de développement que si tous participent à ce développement", commente François Euvé. "L’idée d’une construction d’identité comme fermée est une illusion", selon le père jésuite. Le pape François adopte "une vision positive de l’humain qui présuppose un intérêt pour le dialogue", sans être naïf.
Mais cette vision de l’universalité ne nie pas les particularités. "Il ne peut y avoir d’unité sans pluralité", assure François Euvé. Et "il faut accepter la confrontation et le désaccord, mais avec cette espérance que ce n’est pas le dernier mot".
"On a le sentiment que les religions sont plurielles et opposées entre elles". Mais selon François Euvé, l’encyclique montre que "même dans les religions, une fraternité est possible". "Le dialogue permet de constituer une humanité", conclut-il.
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