Quelle relation entre les jeunes adultes et la religion en Europe ? L’enquête sociale européenne menée dans 22 pays sur une population âgée de 16 à 29 ans, entre 2014 et 2016, vient de publier ses conclusions. Ce rapport, rédigé par Stephen Bullivant, est le résultat de la coopération entre l’Université Saint Mary’s Twickenham de Londres et l’Institut Catholique de Paris.
Cette enquête démontre tout d’abord que la plupart des jeunes adultes ne se déclarent d’aucune appartenance religieuse (91% en République Tchèque, 64% en France). Un chiffre à contraster avec celui obtenu en Israël : seul 1% des jeunes a reconnu n’avoir « aucune religion ».
70% des jeunes adultes danois, estoniens, suédois, hollandais, ne prient pas. La plupart n’assiste jamais à des services religieux.
Les catholiques représentent 23% des jeunes adultes interrogés en France. Un pourcentage bien inférieur à la Pologne (82%) ou la Lituanie (71%).
François Moog, doyen de la faculté d’éducation de l’Institut Catholique de Paris, répondait aux questions de Pauline de Torsiac.
« Il y a une désaffectation des jeunes européens pour le religieux en général. Quand on leur demande s’ils ont une religion, l’immense majorité répond non, avec des disparités en fonction des pays.
En France, notamment il y a 70% des jeunes qui se disent sans religion, et une forte proportion qui n’ont aucune pratique religieuse ou d’intérêt quelconque pour le religieux. Mais il y a un noyau de jeunes très motivés. En France, 23% des jeunes se disent catholiques et ils constituent l’identité chrétienne dominante. Les jeunes qui se disent catholiques aujourd’hui, soit découvrent la foi, soit s’y sentent bien depuis le début. Mais très peu de catholiques qui naissent dans des familles catholiques décident de ne plus l’être. Ce qui est encourageant aussi, c’est que ces jeunes-là ont des pratiques de prière très élevées. 40% des jeunes catholiques français prient régulièrement, c’est un signe de vitalité. »
« Soit il prennent le religieux au sérieux, soit ils ne comprennent pas ou en ont peur. Mais quand on prend le religieux au sérieux, on le prend pleinement et on accepte toutes les ressources proposées pour se construire, s’engager, transformer le monde en un monde meilleur. »
« On a comparé les résultats avec le document préparatoire du synode. Il apparaît clairement qu’il y a une tension dans le document préparatoire : ce dernier dit qu’il faut rendre les jeunes protagonistes de l’Eglise, mais en même temps ils ne sont pas toujours inclus dans les propos : c’est l’Eglise « qui propose ». Le synode peut introduire une dynamique salutaire dans le développement du vocabulaire : pas « pour » les jeunes mais « avec » les jeunes. Les jeunes ne sont pas l’ « avenir » de l’Eglise : non, le « présent » de l’Eglise.
La manière dont les jeunes se saisissent de l’opportunité de prendre la parole dans le cadre du synode n’est pas synonyme du but caché de remplir les rangs de l’Eglise, mais de donner les moyens à l’Eglise d’accomplie sa mission au service de la société. »
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