Fondateur de la société coopérative d'intérêt collectif Territoire Environnement Océan, Fabrice Faurre est notre Invité Région du 26 mars. Il revient sur le danger des plastiques recyclés après leur passage dans l'océan.
Ce vendredi 28 mars, trois députés se rendront à La Rochelle pour une rencontre sur la question des plastiques recyclés : les députés de Charente-Maritime Benoît Biteau (Ecologistes) et Olivier Falorni (divers gauche), mais également Philippe Bolo, député Modem du Maine-et-Loire. Face à eux, la société coopérative d'intérêt collectif et bureau d'études Territoire Environnement Océan (TEO), l'unité de recherche de l'Université de La Rochelle Littoral Environnement et Société (LIENS) et le laboratoire QUALYSE.
Ces trois entités rochelaises sont réunies en consortium depuis 2018 et travaillent en commun sur la question de la pollution des océans et des rivières. Le but de cette rencontre avec les députés est simple : aboutir à des propositions législatives sur la question des plastiques recyclés après leur passage dans les océans. La lutte contre les plastiques, c'est le combat de TEO depuis sa création en 2009, avec notamment les bacs à marées, mis en place pour collecter les plastiques sur les plages du département. Retour sur les actions de TEO et la rencontre du 28 mars avec le fondateur, Fabrice Faurre.
RCF : Quelles actions mène TEO depuis sa création ?
Fabrice Faurre : C'est un bureau d'études : on répond à des appels à projets ou on initie des projets. Ils sont financés soit par la région Nouvelle-Aquitaine, soit par l'Agence de l'Eau, soit par le ministère de l'écologie. La partie opérationnelle, donc les collectes, est financée par les communes qui ont choisi cette prestation pour que les plastiques soient collectés sur leur littoral.
Au départ, on a travaillé essentiellement sur les macro-déchets qu'on trouvait le long du littoral. Ensuite, on a essayé de trouver des solutions plus efficaces pour les collecter ; on a initié en 2017 le premier bac à marée en Charente-Maritime et aujourd'hui TEO travaille sur la façade Ouest et Manche du territoire français. On évolue aussi en ne travaillant plus uniquement sur les macro-déchets, mais également sur les microplastiques, et on a mis au point un outil qui nous permet aujourd'hui de savoir quels microplastiques il y a dans l'eau.
RCF : Comment fonctionnent les bacs à marées ?
Un bac à marée, c'est comme une caisse, mais ce n'est pas une poubelle. C'est un indicateur de présence de plastiques qui nous permet de savoir si on en ramasse plus ou moins. Cela a l'intérêt pour les personnes qui se promènent au bord du littoral, si elles ont envie de collecter des plastiques, de le faire à leur rythme et rendre les plastiques visibles.
C'est donc de fait un outil de sensibilisation aux plastiques abandonnés : les gens ramassent les plastiques le long des plages et les mettent dans le bac. Avec une application, ils peuvent nous alerter quand le bac est plein et nous prévenons une entreprise d'insertion locale qui vient collecter les bacs et identifier ce qui est en verre, en acier, en plastique... Cela nous permet d'avoir des données. Ensuite, il y a la possibilité de dépouiller complètement les bacs pour essayer d'avoir l'origine de ces plastiques.
RCF : Quel est le but de la rencontre avec les députés sur l'enjeu des plastiques recyclés ?
TEO s'intéresse aux liens entre les scientifiques et les citoyens, et dans ces liens, il y a forcément le législateur. Il nous paraît intéressant de les rencontrer pour voir comment on peut faire évoluer les lois face au potentiel danger des plastiques recyclés et en particulier les plastiques ayant séjourné dans l'eau. Ces derniers sont chargés en polluants organiques persistants, donc pour nous ils ne sont pas recyclables, mais rien ne l'empêche aujourd'hui.
Par exemple, ceux qui vous proposent aujourd'hui des produits comme des lunettes ou des T-shirts à partir de plastiques recyclés en mer, il vaut mieux vous éloigner : ils sont plus polluants que des produits fabriqués en plastiques vierges.
RCF : Est-ce que vous réclamez l'interdiction du recyclage de ces plastiques ?
En fait, on ne réclame rien : on essaie de travailler avec tout un réseau d'acteurs le long du littoral pour trouver des solutions ensemble. Nous, ce n'est pas l'interdiction [qu'on défend], c'est déjà l'éveil des risques potentiels. A partir de là, ce n'est pas à nous, TEO, de décider s'il y a interdiction, c'est un ensemble d'éléments qui sont validés scientifiquement qui peuvent nous fait évoluer. Après, il peut y avoir des mesures de précaution pour éviter un risque de pollution ou un risque sanitaire pour l'humain.
Chaque jour de la semaine, un sujet d’actu avec un invité interviewé par chaque radio RCF de Nouvelle Aquitaine.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !