Lutter à la fois contre les éléments marins, et les préjugés sur le handicap, c’est le double combat que mène actuellement Eric Bellion, skipper de Comme un seul homme, engagé dans le Vendée Globe. Eric Bellion pointe actuellement à la quinzième place du classement. Il se trouve au sud de l’Australie, après de belles pointes de vitesse. Etienne Pépin, de RCF Rennes, l’a joint au cœur de l’Océan indien.
"On parle souvent de la différence en disant que c’est une barrière, quand on n’a pas le même cursus, le même background, les mêmes origines, le même âge. C’est quelque chose que j’expérimente tout seul. On a des tas d’idées préconçues sur soi. On a l’impression qu’il y a des choses que l’on est capable de faire. On a l’impression de savoir quelles sont nos limites. Le Vendée Globe permet de faire sauter tous ces verrous-là. C’est un beau parallèle car depuis que je suis parti, je vis une aventure tous les jours, qui demande que je trouve des ressources que je n’imaginais pas" explique le skipper qui confie avoir plusieurs fois pensé à abandonner la course, avant finalement de trouver des solutions à ses nombreux problèmes.
Comme un seul homme, c’est le nom de son bateau. Eric Bellion navigue depuis plusieurs années sur les mers du monde entier avec des personnes handicapées. Pour lui, la différence est quelque chose d’essentiel. "Quand j’ai commencé à m’intéresser à la différence dans les équipages il y a une quinzaine d’années, je voulais voir en quoi la différence était une difficulté, qui pouvait être transcendée avec une volonté farouche pour devenir une innovation, un bonheur collectif" ajoute Eric Bellion qui cite l’exemple d’Olivier, dont personne n’aurait voulu sur un bateau de course car il est aveugle, et qui s’est avéré être un très bon barreur.
Comme un seul homme, c’est le résultat de cette quinzaine d’années d’expériences, une sorte de cri de ralliement qui dit que l’entresoi n’est pas une solution pour régler nos problèmes et répondre aux grands enjeux de demain. "Si on veut s’en sortir, si on veut innover ensemble, si on veut réussir, il n’y a qu’une seule solution, c’est s’ouvrir à la différence, avec du pragmatisme, de l’intelligence, et sans idées bien-pensantes qui sont souvent pires que les idées de haine ou de peur" précise Eric Bellion.
Le skipper explique que pour s’ouvrir à la différence, il ne faut pas s’attacher justement à nos différences, mais plutôt se focaliser sur son but. Pour lui, c’est le Vendée Globe. Il explique rechercher ce qui est fondamental chez toute personne de son équipe, qu’il s’agisse d’un jeune, d’un vieux, d’un homme ou d’une femme. "On vit dans une société qui est obnubilée par l’apparence. Ce qui compte c’est l’invisible. Il faut absolument de se sortir du superficiel, du visible, pour rencontrer nos ressemblances invisibles" conclut le marin.
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