En tout, 420 affaires de traite ont été recensées en 2013 par les services judiciaires et 728 individus ont été condamnés cette même année. Des chiffres trop faibles pour la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, qui dans un rapport publié jeudi 10 mars a estimé que la France n’était pas assez active pour lutter contre ce que l’on peut appeler de l’esclavage moderne.
Sur les chiffres dévoilés, 80 % des infractions relevaient du proxénétisme, loin devant l’exploitation par le travail ou la mendicité forcée. Des chiffres qui laissent toutefois imaginer la partie immergée de l’iceberg. Faute de preuves suffisantes, nombre d’affaires n’arrivent jamais devant les tribunaux, les victimes craignant souvent de témoigner. A cela s’ajoute l’enlisement des commissions rogatoires lancées à l’étranger.
Il faut également relever la prédominance du proxénétisme dans l’esclavage moderne, en France. Les victimes sont par définition invisibles, vivant cachées dans les ateliers clandestins ou dans les sous-sols des habitations. Mais elles n’en sont pas moins très nombreuses. Les responsables de traites ne sont plus forcément de vastes réseaux très organisés. Au contraire, ce sont souvent des affaires de familles appartenant à la classe moyenne originaire d’Afrique, d’Asie ou des Français de retour d’expatriation.
La grande inconnue, rappelle toutefois la CNCDE, demeure le nombre de victimes concernées. Seule certitude, l’immense majorité d’entre elles est d’origine étrangère, très fréquemment déplacée afin d’être maintenue un maximum dans l’isolement. Les migrants arrivés récemment en Europe ne devraient pas éclaircir ce tableau, du fait de leur extrême vulnérabilité. Le mois dernier, Europol s’alarmait de la disparition de 10 000 enfants réfugiés sur le continent européen…
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