Cette semaine dans “Questions d’actu”, nos invités, Pierre de Charentenay, jésuite, et Jean Gueit, prêtre orthodoxe et recteur de la paroisse de tradition russe Saint Hermogène à Marseille, réagissent à ce culte évangélique, dans le Kentucky, qui a duré 15 jours et attiré près de 50 000 personnes. Ensuite, ils échangent sur l’agriculture et cette sécheresse hivernale inédite avant de se poser la question: est-ce que les Eglises doivent investir dans les métavers?
C’est un moment que certains ont qualifié “d’historique” ou “un réveil spirituel” pour d’autres! Il s’agit d’un culte évangélique qui a duré près de 15 jours, du 8 au 23 février 2023, dans une université chrétienne du Kentucky, aux Etats-Unis, et a réuni près de 50 000 personnes venues prier, louer, se repentir, 24h sur 24h. Un événement qui a pris de l’ampleur grâce aux réseaux sociaux et que beaucoup d’observateurs ont attribué au souffle de l’Esprit Saint!
Pour Pierre de Charentenay, ce culte s'inscrit d’abord dans la tradition des évangéliques américains, très orientés vers les grands rassemblements, des moments forts en émotions, où ils disent que l’Esprit Saint est présent. Une tradition assez étrangère à notre culture européenne. “Ce qui est original, poursuit Pierre de Charentenay, c’est l’ampleur du phénomène accentué par les réseaux sociaux”. Quant à l’effusion de l’Esprit, il met en garde et invite au discernement et à la prudence. “Attention au phénomène de passion commune qui dit “c’est l’effusion de l’Esprit Saint”, ce sera cela à condition qu’on en voit les fruits sinon c’est un grand moment d’émotion qui n’est pas forcément spirituel. Un des critères à observer sera la suite de cet évènement, est-ce que cela a transformé les gens de l’intérieur?".
Pour Jean Gueit, “la première réaction d’un orthodoxe, c’est la prudence et la méfiance (...) car il peut y avoir des phénomènes de leurre, oui l’Esprit Saint souffle où il veut, quand il veut, comme il veut, mais il faut savoir le discerner car on peut être trompé par le démon, le démon trompe aussi à travers des phénomènes comme ça!”.
Les pères Pierre et Jean concluent en invitant à la prudence quant à l’emballement médiatique de ce genre d'événement.
En visite au salon de l’agriculture qui a lieu en ce moment à Paris, le président Macron a appelé à “la fin de l’abondance” face à un épisode de sécheresse hivernale inédit. Pierre de Charentenay parle d'“une crise économique générale produite par la guerre en Ukraine, la sécheresse, le réchauffement climatique...”. Il poursuit: “à long terme, il faudra changer notre agriculture, c’est la fin d’un système des années 1970 et 1980 où c’était la croissance infinie et là, on sent qu’il y a des limites et c’est la fin de toutes les évidences simples d’un développement économique qui ne posait pas de problème”.
Jean Gueit précise aussi que cette formule “fin de l’abondance ne date pas d’aujourd’hui”. Pour lui, avec les trente glorieuses, tout était devenu possible et évoquer la fin de l’abondance, c’est simplement un rappel à l’ordre de ce que la terre et la création ne nous appartiennent pas et “il nous faut aller vers une conversion de la relation aux choses”.
Sur la question des métavers, ces mondes virtuels parallèles, est-ce que cela concerne les Eglises?
“Le métavers n’est pas complètement négatif, commente Pierre de Charentenay, il y a un côté fascinant et intéressant justement de connaître des milieux qu’on ne connaît pas, de se promener dans les rue de Rome du IIè siècle, pourquoi pas, d’aller voir les grands jeux des romains mais il y a aussi un côté inquiétant car il ne faut pas confondre la réalité avec le monde virtuel (...) c’est un problème de transformer la virtualité en réalité!”.
Le Père Jean Gueit complète, pour lui, “c’est le contraire même de l’Incarnation car Dieu s’est fait homme, s’est fait chair pour venir rencontrer l’humanité et tout ce qui est virtuel s’inscrit en faux par rapport à ce processus (...) et toute cette virtualisation est une rupture radicale de ce lien et c’est une déshumanisation”.
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