Pour la dernière émission spéciale présidentielle, et à quelques jours du premier tour, RCF était en direct de Calais. Véronique, bénévole au Secours Catholique et Yann Manzi, délégué et cofondateur d'Utopia 56 agissent quotidiennement sur le terrain pour l'accueil des exilés.
Ils viennent du Soudan, de l'Érythrée ou du Koweït et ont rejoint Calais, dans l'espoir d’une vie meilleure. 1500 à 1800 migrants vivent actuellement à Calais. Depuis la crise migratoire, des associations calaisiennes agissent quotidiennement pour accompagner les exilés. Pour Yann Manzi, délégué et cofondateur d'Utopia 56, les associations pallient un manque de prise en charge des institutions : "L'Etat est conscient des réalités mais a créé une politique de non-accueil".
Paradoxalement, les frontières sont ouvertes depuis la création de l'Espace Schengen. "L'accueil est possible mais l'Europe doit s'organiser", analyse le cofondateur de l'association, et d'ajouter "aujourd'hui, avec la guerre en Ukraine, on peut imaginer que les droits fondamentaux sont pour tout le monde. Ce conflit aux portes de l’Europe, nous rappelle nos valeurs". Pour Véronique, bénévole au Secours Catholique depuis 2015, "il suffit de faire un pas vers l’autre".
Agir au quotidien sur le terrain s’avère parfois compliqué à Calais. "On se demande ce que signifie le terme fraternité dans notre France. Il est très important de redécouvrir cette valeur" constate la bénévole au Secours Catholique qui déplore un manque de ressources financières de la part de l’institution étatique. "On doit nous donner la route à suivre et les moyens financiers pour pouvoir accueillir ces populations" précise le cofondateur d’Utopia 56.
Les citoyens ont un rôle majeur à jouer dans l’accueil des réfugiés, pour Yann et Véronique. "Aider son prochain, c’est une richesse incroyable. Ça ne se compte pas en argent, mais en bien-être. On le fait pour eux et pour nous aussi", explique Yann Manzi. Donner, c’est aussi recevoir pour Véronique ; "ces gens m’ont humanisée, ils ont une résilience extraordinaire. Ils gardent cet espoir fort au fond d’eux". Elle appelle les habitants des Hauts-de-France à venir rencontrer les réfugiés, “ à tous ceux qui sont proches, les Calaisiens, mais aussi à ceux qui se trouvent à Coulogne, à Blériot, à Sangatte et Boulogne". En juin dernier, à l’occasion de la journée mondiale du réfugié, le Souverain pontife a appelé à "ouvrir nos coeurs aux réfugiés". Un appel dont se souvient Monique, auditrice de l’émission. Depuis, elle accueille des exilés venus du Congo, du Sénégal et de la Guinée.
Sur le terrain, la jeunesse est déjà engagée en faveur des exilés. À Utopia 56, les 18-25 ans représentent 80 % des volontaires. "Cette jeunesse comprend la réalité de cette perte de l’humanité”, selon Yann Manzi. Chaque été, pendant les vacances scolaires, le Secours Catholique fait appel à des scouts pendant 15 jours pour venir en aide à l’association.
Un engagement enrichissant, comme le constate Véronique, "on a l’impression qu’on leur donne un objectif magnifique à leur vie d’humanité qu’ils n'avaient pas supposé avant". Croire en une religion n’est pas un critère pour aider les réfugiés : "ce qui nous rassemble, c’est l’humanité”, rappelle Véronique.
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