Bilal est loin d’être le seul dans cette situation. Avec ses mots, ce jeune Afghan dit la réalité vécue par des milliers de demandeurs d’asile soumis, comme lui, à la procédure Dublin. Pour Bilal comme pour tant d’autres, l’entrée sur le territoire européen devait être un soulagement.
Leur vie est menacée , alors ils ont fui, (l’Afghanistan est le premier pays d’origine des demandeurs l’asile en France en 2018). Ils ont subi en chemin l’enfermement arbitraire et les violences. Ils se sont heurtés aux frontières de l’Union européenne, en Méditerranée ou à l’Est. Mais dans un cas sur quatre, loin de trouver protection et sécurité, c’est par une procédure kafkaïenne qu’ils ont été accueillis.
Bilal, je l’ai rencontré au centre d’entraide des demandeurs d’asile et des réfugiés, le CEDRE. Dans cette antenne du SC, Porte de la Villette, à Paris, il est devenu bénévole. Il ne connaît que trop bien l’extrême précarité dans laquelle vivent les personnes “dublinées”, leur impossibilité de faire valoir le droit à l’asile, leur crainte permanente d’être expulsées, le no man’s land juridique et social dans lequel elles sont maintenues.
Oui, plusieurs demandeurs d’asile ont accepté, avec le soutien d’une dessinatrice, d’évoquer concrètement leur parcours chaotique pour expliquer, à travers une bande dessinée, l’absurdité du « système Dublin ».
Car la « procédure Dublin » est le nom donné à ce règlement européen adopté en 1990, il y a 30 ans, et reformer en 2003, pour organiser le traitement des demandes d’asile au sein de l’Union européenne. Beaucoup de nos concitoyens n’en ont jamais entendu parler. Seuls ceux qui en subissent la mise en œuvre pouvaient exprimer l’impérieuse nécessité de changer en profondeur ce règlement européen qui oblige à demander asile dans le 1er pays par lequel la personne est entrée en Europe : en général l’Italie ou la Grèce .
Ce document, mi rapport mi récit imagé, veut convaincre les pouvoirs publics qu’il est incompréhensible de traiter ainsi des milliers d’hommes et de femmes dont le seul délit est d’avoir demandé une protection à la France ! Il faut changer en profondeur cette règle européenne absurde et inefficace et en suspendre l’application en France, immédiatement ; le règlement le permet alors lisez cette BD très sérieuse.
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