Des poupées sexuées sont fabriquées par des tricoteuses niçoises. Lancées en 2022, elles ont permis de libérer la parole d'enfants. Plusieurs commissaires de polices et des gendarmeries demandent cet outil, initiative de la Ville de Nice.
Elles sont tricotées par des niçoises, dans les CCAS de la ville de Nice. Deux adultes, deux enfants: une "famille" de laine. Des poupées issues du savoir-faire de tricoteuses qui transforment les pelotes en de véritables outils au service de la justice. Les poupées sexuées ont été lancées au printemps 2022 par la Ville de Nice. Et elles ont permis de libérer la parole d'enfants victimes d'abus sexuels.
Le Dr Philippe Babe, des urgences pédiatriques de la Fondation Lenval, confirme qu'il y a du travail. "C'est malheureusement la triste réalité, on reçoit des cas plusieurs fois par semaine" admet le médecin qui a fait la demande de ces poupées, "qui permettent de faire des simulations de situations subies" par les enfants.
rassurer les enfants sur les mesures de protection
"On ne peut construire que si l'on libère la parole" admet le professionnel de santé. C'est donc là qu'entrent en jeu les poupées. "On a donné quatre familles à Lenval" reconnaît Marie-Pierre Lazard, conseillère municipale déléguée au label UNICEF « ville amie des enfants ». "L'auteur va dire qu'il ne faut pas le dire et les enfants vont se culpabiliser parce qu'ils savent que ce n'est pas normal" souligne le Dr Philippe Babe qui appuie sur le fait de "pouvoir verbaliser, de rassurer les enfants sur les mesures de protection" et sur le fait "que l'auteur va être soumis à la justice, un très grand pas, essentiel".
Manifestement, ces petits objets en laine ont prouvé leur efficacité. La brigade des mineurs de Nice les utilisent. "Cela a permis de faciliter l'expression de l'enfant" explique la commissaire Hélène Pedoya. Et cela marche si bien que c'est au tour de Cagnes-sur-Mer de recevoir des poupées sexuées. La commissaire de police Audrey Basquin y voit une façon "d'améliorer le recueil de la parole". "Je suis ravi de recevoir deux familles de poupées" dit-elle. Audrey Basquin a aussi créé un "espace de recueil de la parole de l'enfant", un lieu "beaucoup plus neutre qu'un bureau d'enquêteur" avec "un entretien mené avec un protocole particulier".
Marie-Pierre Lazard veut aller plus loin. "On a augmenté la production des poupées" car au niveau de la métropole de Nice, "on sent bien le besoin" dit l'élue qui reconnaît avoir été sollicitée par "plusieurs gendarmeries et professionnels de santé". Appel à toutes les bonnes volontés qui manient le tricot dans les CCAS de la ville de Nice.
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