L'Union européenne révise cette année sa réglementation sur le bien-être animal, le cycle de concertation est en cours. Le texte actuel comporte quatre volets, l'un d'eux concerne le transport de mammifères et de volailles destinés à l'abattage, un point que les associations, mais aussi plusieurs de nos pays voisins voudraient voir évoluer.
Au sein de l'Union européenne, le transport des animaux vivants est d'ores et déjà encadré, mais de plus en plus de voix s'élèvent pour dénoncer un système jugé lacunaire.
Actuellement, un animal peut voyager sur les routes pour des durées illimitées à conditions de respecter des temps de pause. Une vache destinée à l'abattage peut, par exemple, être transportée par camion et rouler durant 29h. Elle doit ensuite être déchargée avant de repartir pour de nouveaux cycles de 29h.
Des règles qui s'appliquent également aux animaux non sevrés qui peuvent ainsi voyager plus d'une journée sans être allaités.
L'Union européenne autorise également le transport d'animaux vivants hors de ses frontières. Une fois sortis de la zone couverte par la réglementation, les camions n'y sont plus soumis et le respect des règles de bien-être ne peut plus être garanti.
A l'instar de l'Association Justice Animaux Savoie, les organismes de protection des animaux souhaitent que la révision de la réglementation débouche sur une charte plus ambitieuse. "Nous avons des demandes ambitieuses mais réalistes puisque partagées par l'Allemagne ou la Suède", débute Pauline Di Nicolantonio, présidente de l'AJAS. "Nous voulons limiter la durée du transport à 8h pour les mammifères, 4h pour les volailles". Une mesure qui impliquerait une naissance, un engraissage et un abattage de proximité.
"C'est aberrant aujourd'hui de penser que des animaux passent des jours entiers sur la route parce qu'il est moins cher, plus rentable de les faire abattre à l'autre bout de l'Europe" déplore la présidente de l'association.
Deuxième mesure appelée des voeux des militants, mais aussi de nos pays voisins, l'interdiction de l'exportation d'animaux vivants hors de la zone de l'Union européenne, pour garder un oeil sur le bon respect de la réglementation.
En France, le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, ne soutient pas ces positions, il ne désire pas voir la réglementation évoluer et demande un statu quo. L'AJAS propose aux habitants de lui adresser des cartes postales pour le convaincre de la nécessité de faire bouger les lignes.
C'est aberrant aujourd'hui de penser que des animaux passent des jours entiers sur la route, parce qu'il est moins cher de les faire abattre à l'autre bout de l'Europe
Si l'AJAS a décidé de se saisir du volet portant sur le transport des animaux vivants, c'est que la Savoie fait office de passage obligé dans l'exportation des veaux. L'association estime que près d'un million empruntent, chaque année, le Tunnel du Fréjus.
Après leur naissance et six mois d'engraissage, ils prennent la route direction la plaine du Po, pour être à nouveau engraissés durant six mois puis abattus. Un marché italien qui représenterait jusqu'à 57% des recettes à l'exportation de la filière bovine française.
En Haute-Savoie, c'est le nombre d'abattoirs qui conduit à de longs transports des animaux. Il n'existe actuellement qu'un seul établissement public multi-espèce. Les autres sont privés, spécialisés et ne peuvent pas prendre en charge un bétail varié en âge et en race.
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