Le vaccin d'AstraZeneca suscite l’inquiétude. Durant les essais de phase 3, son efficacité avait été évaluée de 60 à 70 % contre le Covid-19, quand celui de Pfizer Biontech s’élève à 95 %. Toutefois, l'agence sanitaire écossaise affirme que ce vaccin protège contre les formes graves et que les données montrent une chute des hospitalisations dès la deuxième semaine suivant l’injection.
Au départ, les soignants de plus de 50 ans ont pu recevoir le vaccin de Pfizer. Mais aujourd’hui il n’y a plus assez de doses et c’est donc celui d’AstraZeneca que l’on propose dans les établissements de santé. Il a aussi pu provoquer des effets secondaires : notamment des symptômes grippaux pour certaines personnes. "Les soignants ne refusent pas de se faire vacciner, les soignants ne veulent pas d’AstraZeneca. C’est un vaccin conforme mais il ne correspond pas du tout aux soignants. Le moins efficace c’est celui qu’ils veulent nous donner, c’est totalement incompréhensible", déplore Thierry Amouroux, porte-parole du syndicat national des professionnels infirmiers.
Cette réticence inquiète fortement, d’autant plus que le Covid-19 est devenu la première maladie nosocomiale en France, que l’on attrape dans un établissement de santé. En France, les infections de Covid-19 à l'hôpital ont concerné 44.000 personnes en un an selon les chiffres de Santé publique France. Et 34 % de ces contaminations provient des soignants. "On a que des bonnes raisons de vacciner les soignants. Il y a une sorte de devoir pour ces soignants d’être vaccinés. Ça me paraît être extrêmement préoccupant", affirme Antoine Flahault, directeur de l’institut de santé globale à la faculté de médecine de l'université de Genève. Selon cet épidémiologiste, le vaccin d'AstraZeneca est un très bon vaccin. "Le vaccin AstraZeneca a probablement été mal présenté au départ. Sur le fond, AstraZeneca a produit avec l’université d’Oxford un excellent vaccin", ajoute-t-il.
Avec près de 1000 malades du Covid-19 en réanimation en Île-de-France, l’agence régionale de santé (ARS) demande aux hôpitaux et cliniques de la région de déprogrammer 40 % de leurs opérations pour libérer des lits. La situation inquiète au point que le gouvernement n’exclut pas de rendre la vaccination obligatoire pour les soignants. Jeudi dernier, le ministre de la Santé Olivier Véran a envoyé une lettre à tous les soignants, dans laquelle il insiste sur la nécessité de se faire vacciner. "Si vous n’êtes pas encore vaccinés, faites le rapidement. Il en va de notre sécurité collective et de la capacité de notre système de santé à tenir", âécrit Olivier Véran. Mais pour Thierry Amouroux, c'est un coup de communication, un courrier sans intérêt. Il s'oppose à une vaccination obligatoire. "C’est contre-productif parce que ça envoie le message à la population qu’il y a un problème avec le vaccin et donc ça renforce le complotisme. Hier on était des héros, aujourd'hui on est des monstres", affirme le porte-parole du syndicat national des professionnels infirmiers.
Pour l’heure la vaccination obligatoire est seulement une possibilité selon le gouvernement. Et on le rappelle, des vaccins sont déjà obligatoires pour les soignants, par exemple celui contre l’Hépatite B.
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