Femme et handicapée : double peine ou double trésor?

"​Il faut beaucoup de courage pour être une femme, et encore plus quand on est handicapée ». Charlotte s’exprime ainsi dans la revue Ombres et Lumière qui, à l’occasion de cette journée internationale de la femme, ouvre un dossier remarquable sur le thème « être une femme avec un handicap ». « Nous recevons beaucoup de projections de la part de notre entourage, -explique Charlotte – s’en
extraire est difficile ».

On prend la mesure à chaque page du poids de ces regards qui vient assombrir dès l’enfance l’estime de soi de ces femmes handicapées : « les autres filles m’appelaient la boiteuse » se souvient douloureusement Brigitte. Ou encore cette sage-femme elle-même handicapée, qui accompagne des futures mères de tous
handicaps, qui explique : « Si elles font une petite erreur après la naissance, on leur pardonnera moins facilement qu’à une femme valide »

Oui, être femme et handicapée pourrait ressembler à une forme de double peine parfois. Mais pas seulement!
Souvent, cette adversité, ces épreuves douloureuses ont permis de développer une force intérieure rare – « c’est ma polio qui m’a fait marcher » - dit avec humour Brigitte, qui mène une vie pleine d’engagements.
Carolina, toute petite femme, handicapée moteur et presque aveugle, a longtemps lutté contre la noirceur de son propre regard
sur elle-même, son physique, son caractère. Elle a constaté que certaines femmes, qui ne correspondent pas aux canons de la beauté véhiculés dans nos médias, dégagent pourtant une lumière qui les rend belles, parce que, dit-elle, « elles sont épanouies dans leur être ». Et la jeune femme, fraichement convertie, de découvrir
peu à peu que, je cite « être femme, c’est assumer d’être belle, de la beauté de Dieu. Cette beauté, elle est pour toutes, elle est faite pour
être transmise, elle est source de vie ». Son regard sur elle-même se transforme alors. Et progressivement sa vie en a été changée. Elle expérimente qu’elle fait du bien à ceux qui l’entourent, qui grandissent à son contact. C’est une expérience profonde de maternité spirituelle, pour cette femme qui souffrait, dit-elle « de ne pas avoir un corps qui permet d’accueillir un enfant ».

Le dossier d’Ombres et Lumière révèle que le handicap peut être un frein à la féminité. Mais il peut aussi être révélateur de l’essence du féminin.
Tout est question de regard à changer, dans l’intérêt de tous, et pas seulement des femmes handicapées ! Chacun d’entre nous n’a-t-il pas à découvrir qu’il est beaucoup plus beau qu’il n’ose le croire, comme dit si bien Jean Vanier ?