Située le long du Rhin aux frontières de l'Allemagne et de la Suisse, la centrale nucléaire de Fessenheim était jusqu'à présent la doyenne des centrales en activité. Le premier réacteur de la centrale mis en service en 1978 est donc définitivement à l'arrêt depuis samedi. Interrogé sur RCF, Pierre Bois, de l'autorité de sûreté nucléaire, revient sur le déroulement du processus. Voilà pour la mise à l’arrêt du réacteur numéro un. Le deuxième réacteur sera quant à lui arrêté au mois de juin prochain. Mais avant le démantèlement, une autre phase va démarrer. Elle devrait durer entre trois et cinq ans. C'est ce que rappelle Pierre Bois.
La fermeture du site devrait générer 380.000 tonnes de déchets. L’élimination des substances dangereuses va se dérouler en deux temps : l’un va démarrer après l’arrêt des deux réacteurs cette année. L’autre avec le début du démantèlement en 2025. À cette date, la quasi totalité de la radioactivité est censée avoir été évacuée du site, selon EDF. Une fois évacués, les gravats et les déchets contaminés iront dans des centres de stockage, ou seront enfouis à Bure, dans la région Grand-Est, pour les plus radioactifs. Quant au combustible, il partira pour le centre de retraitement de La Hague.
A Fessenheim, la fermeture de la centrale nucléaire est vu d’un mauvais oeil. Le site comptait plus de 1.000 salariés et prestataires. Le petit village rural qui comptait 900 habitants à la fin des années 1960 s’est transformé en une commune de 2.400 personnes ou vivaient de nombreux cadres et techniciens supérieurs. Le fonctionnement de la centrale de Fessenheim a joué un rôle important dans la vie économique du territoire pendant toute sa durée d'exploitation Et aujourd’hui, Claude Brender, le maire de la commune ne cache pas sa colère.
Selon RTE, le gestionnaire du réseau électrique, l'approvisionnement en électricité "devrait être assuré" cet hiver. Jusqu'en 2022, les énergies renouvelables devraient prendre le relais. En cas de problème, il sera toujours possible d’importer de l'électricité depuis la Grande-Bretagne ou l'Italie.
Mais c'est après cette date que les choses pourraient se compliquer. Car avec la fermeture des dernières centrales à charbon, et le retard pris sur la livraison de la centrale de Flamanville, la production d'électricité devrait baisser. Selon RTE, il pourrait donc y avoir des points de tensions. Pour l’économiste Philippe Chalmain, spécialiste des questions énergétiques la volonté de la France de fermer 14 réacteurs nucléaires à l’horizon 2035 est un pari risqué.
Après l'arrêt de la centrale de Fessenheim, la France comptera au total 56 réacteurs nucléaires d'une puissance de production cumulée d'environ 61.000 mégawatts (MW). Le parc nucléaire français reste le deuxième plus important au monde, juste derrière celui des Etats-Unis et ses 98 réacteurs.
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