Ils sont les oreilles des sous-marins français, les oreilles d’or de la Marine Nationale. Des marins spécialisés dans l’analyse de guerre acoustique, chargés de reconnaître la signature acoustique, propre à chaque navire. Un atelier de découverte de ce métier de l'ombre est proposé sur le village de la Marine Nationale aux Fêtes Maritimes de Brest.
Les sourcils froncés, un casque sur les oreilles, les yeux fermés et une ouïe hors du commun, capable de détecter un bruissement qui trahirait la présence d'un sous-marin. Une scène du film le Chant du Loup, qui a révélé au grand public le métier d'"oreille d'or", ou des analystes de guerre acoustique. Ils sont chargés de détecter, dans un premier temps grâce au son, la présence d'une menace sous-marine.
Pour en savoir plus, nous avons rendez-vous avec le premier maître Kevin, analyste en guerre acoustique dans la Marine Nationale depuis trois ans. Direction le stand des Forces sous-marines au sein des Fêtes Maritimes de Brest. "Dans un sous-marin il n'y a pas de hublot, le seul moyen de savoir ce qui nous entoure, c'est d'écouter ce qui se passe grâce à des sonars passifs. Dès lors qu'il y a un doute sur l'origine d'un phénomène acoustique, nous sommes appelés afin de procéder à une classification classique", précise le premier maître Kevin. Ces analystes se différencient des opérateurs sonar "standards" dans la mesure où ils suivent une formation spécifique d'un an. Une année pour ingurgiter, la base de données de la Marine, de plusieurs milliers de fichiers audio. "On a toujours tendance à penser que le monde sous-marin est le monde du silence, c'est tout à fait faux. La plupart des sons sont d'origine biologiques. ça peut être des baleines, des cachalots, mais on est entourés également de bruits mécaniques comme des bâtiments de commerce, et dans certains cas, des sous-marins." Et pour les reconnaître, c'est un entraînement mais pas un don, sourit le militaire.
Dans un sous-marin il n'y a pas de hublot, le seul moyen de savoir ce qui nous entoure, c'est d'écouter ce qui se passe grâce à des sonars passifs.
Un métier sous pression ? "Oui, dans la mesure où nous sommes deux analystes à bord à pouvoir donner une classification précise d'un phénomène. Le commandant compte sur nous pour donner une classification correcte." Une analyse qui se fait, en moyenne, en moins de deux minutes. Deux minutes pour différencier le bruit des bulles d'air formées par un banc de crevettes, le chant d'une baleine ou la présence d'un engin ennemi. Mais l'audio ne fait pas tout, la classification se fait en deux temps. D'une part une analyse auditive puis vient ensuite une analyse spectrale, c'est-à-dire en examinant un graphique qui rend visible les différentes fréquences du son détecté. Une spécialisation que le premier maître Kevin a appris à découvrir. "Quand je suis rentrée dans la Marine, en tant que navigateur dans un sous-marin, je ne me dirigeais pas du tout vers cette voie, mais à force d'être au contact des analystes embarqués, j'ai eu l'occasion d'échanger avec eux et j'ai eu envie d'exercer leur métier."
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