Coup de projecteur sur l'établissement de soins palliatifs "La Maison" qui existe depuis 30 ans à Gardanne. Un lieu cocon qui porte bien son nom. Rencontre avec le docteur Jean-Marc La Piana, directeur de la Maison et le Père Veyrune, curé de Gardanne.
La Maison, centre de soins palliatifs à Gardanne, porte un nom qui ne doit rien au hasard. C’est dans une ambiance familiale, chaleureuse et un cadre lumineux que travaille une équipe de soignants qui ne portent pas la blouse. Pour le docteur Jean-Marc La Piana, le directeur, il s’agit d’un choix volontaire pour mieux se mélanger aux résidents, aux visiteurs et aux bénévoles.
Le lieu dispose de 38 chambres avec “les bienfaits d’une maison et toutes les garanties d’un hôpital”, insiste le docteur La Piana.
“On a toujours essayé de créer un lieu de vie qui peut accompagner des personnes à des moments qui ne sont pas forcément une fin de vie imminente mais des moments difficiles par rapport à une maladie grave, évolutive et non curable, précise-t-il. Ce n’est pas parce qu’on est dans la difficulté, qu’on sait que le temps est compté, qu’il n’y a pas de vie (...). On n’est pas là pour décider ou guider, on est là pour accompagner”.
Le Père Dominique Veyrune est curé de Gardanne. Il intervient à La Maison à la demande des résidents pour des entretiens spirituels ou tout simplement humains, auprès de personnes qui n’ont pas la foi mais ont envie de parler à un prêtre. “Ce qui me touche, c'est qu'il n'y a pas de masque, on est dans un moment de vérité”, confie-t-il.
Quand on demande au docteur La Piana, de quoi ont le plus besoin les résidents de La Maison? La réponse est simple: “un regard, une présence, une reconnaissance (...) cela passe par des gestes simples, des gestes qu’on oublie dans un lieu de soins parce qu’on est pris dans un moment d’urgence, de rapidité”.
Depuis le lancement du débat sur la fin de vie, Jean-Marc La Piana confie être très sollicité. Il déplore l’amalgame entre “accompagnement” et “soins palliatifs” ou encore le flou autour du vocabulaire employé.
Il explique: “ce qui me paraît important ce n’est pas d’avoir une loi mais de savoir pourquoi les gens demandent un suicide assisté ou une euthanasie. Les personnes qui viennent chez nous, arrivent avec cette demande et au bout de 48 heures ou plusieurs jours, la demande n’est pas maintenue. Cela ne veut pas dire qu’ils ne l’ont pas dans un coin de leur tête mais en tout cas ce n’est plus une priorité. Pourquoi? Parce qu’on a soigné leurs symptômes, parce qu’on les a reconnus en tant qu’individu et personne à part entière. Si les gens demandent une loi comme celle-ci parce qu’ils sont mal soignés, parce qu’ils souffrent, parce qu’on ne les considère pas, je trouve que c’est grave. Je préfèrerais qu’on les soigne bien, qu’on les considère… Vouloir mourir parce qu’on est mal soigné pour moi c’est grave.”
Jean-Marc La Piana se mobilise également auprès des députés car certains éléments de cette loi sont pour lui “inacceptables”, comme le fait qu’un proche puisse administrer la solution létale. “Vous vous rendez compte dans quelle situation vous mettez la personne de l’entourage qui par compassion, par empathie va accepter de donner ce traitement! Et après qui va accompagner cette personne, qui va avoir un retour de boomerang, comme on le voit en permanence sur toutes ces situations de vie ou de mort?”, explique-t-il.
Il conclut en disant, “essayons de faire en sorte de ne pas enlever du temps de vie à des gens qui pourraient encore en avoir envie et qui demanderaient à ce que ça s’arrête parce qu’on s’occupe mal d’eux”.
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