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Floraine Jullian - Deux mondes différents ?

RCF, le 23 janvier 2023 - Modifié le 23 janvier 2023

Voyage au Panama chez les Emberas de Piriati avec Floraine Julien.

Floraine Jullian ©photo de profil LinkedInFloraine Jullian ©photo de profil LinkedIn

Les Emberas de Piriati, c’est l’une des sept communautés indigènes du Panama. On les a rencontrés via Raquel, qui en est membre et qui œuvre pour la conservation de son patrimoine. L’histoire des Emberas est particulière : ils ont été déplacés par l’État panaméen il y a quelques années pour permettre la construction d’un lac artificiel. Ce déplacement a eu des conséquences importantes sur l’ensemble de la communauté, car leur identité est très liée à leur emplacement. Ils étaient ravis de nous rencontrer pour nous partager leurs traditions et leurs pratiques.

 

Lorsque nous sommes arrivés, on ne faisait pas les fiers. Entre rendez-vous en terre inconnue et j’irai dormir chez vous, on ne sait pas trop où se situer. Après quatre ou cinq heures dans un bus qui roulait à toute vitesse, nous nous sommes arrêtés en bord de route et avons suivi les indications reçues préalablement pour atterrir non loin de l’entrée de la jungle du Darien, située entre la Colombie et le Panama. Pour moi qui aie la phobie des serpents, c’était l’apocalypse totale.

 

À notre arrivée, Raquel, avec qui nous étions en lien, nous a aidés à détendre l’atmosphère avec les personnes présentes. Tant pour nous que pour eux, sans parler la même langue et avec des réflexes complètement différents, la glace n'était pas facile à briser. Quand j’ai pris conscience que la maison n’avait pas de murs “pour pouvoir se connecter plus facilement avec la nature” et que nous avions pour dormir de très grosses moustiquaires pour éviter que des animaux rampants lourd nous tombent dessus, mon sang n’a fait qu’un tour. Je pense que le sentiment de détresse et de panique est universel et communicatif, parce que j’ai fait rire tout le monde. Après quelques fous rires sur nos peurs et nos découvertes, nous avons réussi à entamer une conversation sur notre venue et sur leur mode de vie.

 

Nous avons été super surpris de découvrir leur rapport au temps. Au détour d’une conversation, nous leur demandons : “quand l'événement dont il parle a-t-il eu lieu ?” Silence radio. Plus tard, nous demandons à une personne à table avec nous son âge. Silence radio. Ils nous expliquent qu’ils n’ont pas l’habitude de compter le temps qui passe. Ils ne connaissent pas leur âge et se réfèrent à la lune pour identifier les cycles.

 

Avec Adèle, Abderrahim et Vincent, on s’est regardés et on s’est imaginés en train de faire la même chose dans notre quotidien en France. On a eu du mal à se dire que c’était possible !

 

Si je résume le sentiment que j’ai eu en les rencontrant, c’est cette impression qu’on n’habite pas sur la même planète, mais que pourtant on partage des enjeux communs. Lorsqu’on a parlé de la jungle, on a très vite compris que le dérèglement climatique était un enjeu majeur pour eux. On leur a expliqué comment ça nous impactait en France et on a pu créer du lien entre nos vies pourtant très éloignées.

 

Je ne sais pas si c’est l’intensité de l’expérience qui a provoqué ça, mais on a vraiment eu du mal à se quitter ! Nous sommes partis avec une panoplie de cadeaux et nous avons également laissé des petits souvenirs, dont la préparation d’une ratatouille maison qui a eu son petit effet ! Aujourd’hui encore, je repense à cette expérience quand j’ai peur d’aller parler à quelqu’un parce que je sais que nous sommes très différents. Ce que je trouve fou, c’est de me dire qu’avec n’importe qui on peut créer un lien, si on le décide et qu’on accepte de déconstruire ses préjugés. J’espère que ça vous a donné envie de partir à l’inconnu !

"Le temps des olives", la chronique interreligieuse ©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
"Le temps des olives", la chronique interreligieuse
"Le temps des olives", la chronique interreligieuse ©RCF
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