Rendez-vous annuels très attendus, les foires millénaires font partie du patrimoine normand. Mais les communes organisatrices se retrouvent confrontées à une inflation sécuritaire qui interroge sur la pérennité de ces événements.
Lessay, Sainte-James, Gavray, Saint-Hilaire-du-Harcouët, Brix, toutes ces communes manchoises ont un point commun : elles organisent une foire millénaire. Ces fêtes populaires et agricoles sont enracinées dans l’histoire de la Normandie depuis des siècles. Mais les collectivités en charge de l’organisation se retrouvent face à des contraintes de plus en plus importantes, notamment en matière de sécurité. Pour Stéphanie Maubé, maire de Lessay, qui organise la plus grande foire du département du 6 au 8 septembre 2024, les contraintes sécuritaires ont commencé après l’été 2016 et les attentats de Nice. « À partir de cette période-là, les préfectures ont transmis des consignes très strictes pour protéger les foules de visiteurs, et les contraintes n’ont fait qu’augmenter depuis », explique-t-elle. Obligation de fermer le site de la foire, agents qui vérifient dans les sacs, blocs de béton pour empêcher aux véhicules de pénétrer sur le site...
C’est à la foire qu’il revient de payer aussi bien les agents de sécurité privée que les agents des services publics. « Ces services publics mobilisent beaucoup plus de moyens pour un événement à la demande d’un organisateur. Ils considèrent qu’ils sortent de leur mission publique et donc ils nous facturent toute la mise à disposition de gendarmes, de pompiers, de secouristes, de militaires. Il faut également les nourrir et les loger », ajoute Stéphanie Maubé. Pour les frais de sécurité, la petite ville du Centre-Manche a dû dépenser plus de 150 000 euros, soit plus du tiers du coût global de l’événement.
Actuellement, sur cinq foires millénaires manchoises, trois sont déficitaires. Mais pas question pour les communes de laisser tomber cet événement. « Il s’agit de conserver ce patrimoine immatériel, ces foires qui sont des lieux de vie et d’échange, où se côtoient toutes les générations. Ces foires millénaires sont une spécificité du département et contribuent à son développement », explique Sébastien Lecompte, maire de Gavray-sur-Sienne. Ces grandes fêtes populaires sont également synonymes de retombées économiques pour les acteurs du territoire.
Pour répondre aux défis qui leur sont posés, les cinq communes se sont associées depuis 2009, au sein de l’association des Foires millénaires de la Manche. « Le but, c’est de mettre en commun toutes nos problématiques, pour échanger sur les améliorations à faire », présente Jean Joubin, maire adjoint de Saint-Hilaire-du-Harcouët et président de l’association. L’un des défis que l’association devra relever : rajeunir leur public, pour faire rentrer dans la modernité ces foires millénaires.
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