Depuis le choix de la Russie par la FIFA en 2010, ce Mondial fait polémique. Les conditions d’attribution douteuses font toujours l’objet d’enquête notamment en Suisse. La Russie, pays organisateur pas vraiment champion des droits de l’homme veut en faire un outil de soft power diplomatique .
Jamais depuis le Mondial de 1978 en Argentine, le climat politique n’avait été aussi délètere autour d’une Coupe du Monde. A l’époque, la compétition avait eu lieu sous la dictature militaire du général Videla. Il y a 40 ans, un boycott sportif avait même été discuté jusqu’au sein de l’équipe de France sans aboutir.
Cette année pas de boycott sportif mais un boycott diplomatique. C’est notamment le cas des Britanniques. Aucun membre de la famille royale ou du gouvernement ne se rendra en Russie. L’affaire Skripal est passée par là. Même chose pour l’Islande et pour le président polonais qui ne se rendra pas à la cérémonie d’ouverture.
Emmanuel Macron lui , a promis de se rendre sur place si les Bleus arrivaient en demi-finale. Une soixantaine d’eurodéputés avaient d’ailleurs lancé un appel à un boycott politique, il y a déjà plusieurs semaines. Yannick Jadot est l’un d’entre eux. Et pour lui le mondial ne doit pas permettre de servir la soupe à Poutine.
Autre problème qui préoccupe en Russie, le hooliganisme et le racisme. On se souvient de l’Euro en France, il y a deux ans. De graves incidents avaient opposés hooligans russes et anglais sur le vieux port de Marseille. Une rivalité qui pourrait être accrue par les récentes tensions autour de l’affaire Skripal. Si Moscou, affirme avoir fait le ménage chez ses hooligans, la fédération anglaise a tout de même réduit le nombre de ses supporters et leur conseille la discrétion.
Du fait de l’ancrage de certains hooligans au sein de l’extrême droite, le racisme est aussi une grosse préoccupation. Cent quatre-vingt-dix incidents racistes ont eu lieu dans le championnat russe entre juin 2015 et mai 2017, selon un comptage réalisé par le réseau FARE, qui lutte pour l’équité dans le football.
En mars dernier, lors du match amical Russie-France on avait entendu des cris de singe à l’adresse de plusieurs joueurs noirs de l’équipe de France. La FIFA a d'ailleurs ouvert une procédure. Plusieurs pays africains ont déconseillé à leurs supporters de se rendre en Russie. Le réseau FARE a même publié un guide à l’adresse des minorités qui iront à la Coupe du Monde.
Mais pour Ryhad Sallem, athlète paralympique qui préside la commission sport de la Licra, la Russie, pays peu cosmopolite, a commencé à évoluer avec les formations de la FIFA pour les volontaires et les stadiers. Le Mondial pourrait ainsi être bénéfique pour la lutte contre le racisme et la discrimination. Depuis 2017, la FIFA qui a mis des procédures pouvant aller jusqu’à l’arrêt du match par l’arbitre en cas de constat d’insulte raciste ou discriminantes.
Autre points sombres, les sponsors. Un sujet qui met en cause le footbusiness et les multinationales du sport. On se rappelle du scandale des ballons du Mondial sud-africain fabriqué par des enfants au Pakistan, en 2010. L’évènement rapporte par ailleurs très gros aux sponsors et aux équipementiers sportifs. Plusieurs centaines de millions d’euros.
Lundi dernier, le collectif "Ethique sur l’étiquette" (qui regroupe une vingtaine d’ONG et syndicats), a épinglé ces multinationales comme Nike et Adidas en publiant son deuxième rapport "Anti-jeu". Le document révèle que les équipementiers se tournent vers des pays encore moins chers que la Chine pour faire fabriquer leurs produits.
Et les marques font de très gros profits dont ne bénéficient pas les ouvriers du textile, comme le rappelle Nayla Ajaltouni, coordinatrice du Collectif Ethique sur l’étiquette. Des choix orientés vers la performance financière au détriment des droits fondamentaux dénonce le collectif qui pointe veut alerter citoyens et supporters sur les dérives du footbisness. Nayla Ajaltouni
Enfin, l’annonce de la prochaine Coupe du Monde au Qatar en 2022 ne sera pas non plus exempte de polémique. Là aussi, il demeure des soupçons de corruption sur son attribution. On pointe également du doigt la condition des ouvriers immigrés qui construisent les stades dans l’émirat.
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