C’est l’un des plus longs gazoducs du monde. Le tube connecte, via plus de 2.000 km de tuyaux, les gisements de Sibérie orientale à la frontière chinoise. A terme, le réseau dans son ensemble sera long de plus 3.000 km. C’est historique car c’est la première fois que la Russie livre du gaz sur le marché chinois.
De quoi satisfaire la Chine et son insatiable appétit énergétique. Quelques chiffres pour comprendre. Le gazoduc fraîchement inauguré va acheminer chaque année en Chine 38 milliards de mètres cube de gaz russe. C’est énorme et pourtant c'est moins de 10% de la consommation annuelle de l'Empire de milieu.
Le contrat d'approvisionnement global, signé après dix ans de négociations, par le géant gazier russe, Gazprom, est de 400 milliards de dollars sur trente ans. Si le premier exportateur mondial de gaz, se tourne vers l’un des plus gros consommateurs du monde, c’est évidemment pour des raisons financières mais c’est aussi pour diversifier ses débouchés. Aujourd’hui l'essentiel du gaz russe est vendu à la Turquie et aux pays européens. Mais les relations entre Moscou et l’Occident se sont plutôt détériorés depuis le coup d’Etat en Ukraine en 2014.
Même si la Russie regarde vers l’Asie, elle reste aujourd’hui le premier fournisseur de gaz naturel en Europe et en Turquie et compte bien conserver cet ancrage. Le but de la Russie n’est pas vraiment de tourner le dos à ses principaux clients. Elle a d’ailleurs prévu de lancer dans les prochaines semaines deux autres tubes, l'un avec l'Allemagne, le "Nord Stream 2", l'autre avec la Turquie. L’objectif est clair: rester leader sur le marché tout en jouant une carte éminemment stratégique.
Si la Russie tisse sa toile, c’est aussi pour assurer sa stabilité interne. Les exportations d’hydrocarbures, de gaz, de pétrole, de minerais, constituent l’essentiel du commerce extérieur russe, l’essentiel de ses recettes en devises et plus de la moitié des recettes fiscales de l’Etat fédéral. Alors, l’énergie en Russie c’est bien plus qu’un secteur de l’économie.
Le gazoduc "Force de Sibérie" reliera à terme les gisements de Sibérie orientale à la ville de Shanghaï. C’est plus que la distance entre Paris et Moscou. La partie du tube côté chinois devrait être achevée d’ici 2023. Un chantier titanesque dans des conditions très rudes. Près de 10.000 personnes ont déjà travaillé sur la construction de ce gazoduc, lancé il y a cinq ans. Le coût de ce chantier titanesque a été estimé par Gazprom à 55 milliards de dollars.
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