Ce sommet dit Format Normandie rassemble la Russie et l'Ukraine, les deux belligérants, ainsi que l'Allemagne et la France. Une toute première réunion de ce type avait eu lieu en juin 2014, en marge des commémorations du Débarquement, d’où son nom de "Format Normandie. La dernière en date remonte à trois ans, en 2016.
Cette rencontre vise à régler le conflit dans l'est de l'Ukraine entre les Ukrainiens et des séparatistes pro-russes. En 2014, les séparatistes ont imposé par les armes la partition d’un réduit de 17 000 km carrés, soit 3% du territoire de l’Ukraine, autour des villes de Donetsk et de Louhansk à l’est du pays. Ils y ont créé la République populaire de Donetsk et la République populaire de Louhansk, qui ne sont pas reconnus internationalement.
Pour permettre le retour de ces territoires dans le giron de l’État ukrainien, les accords de Minsk II de 2015 listent une dizaine de points, dont l’échange de prisonniers ou le retrait des armes. Sur ces deux points, de timides avancées ont pu être réalisées sur le terrain ces derniers mois.
Parmi les prisonniers libérés en septembre dernier, le cinéaste Oleg Sentsov. Il avait été arrêté chez lui en 2014 après avoir protesté contre l'annexion de la Crimée, puis condamné à vingt ans de camp pour préparation d'attaques terroristes. Libéré en septembre, il s’est rendu le 26 novembre dernier à Strasbourg pour recevoir le prix Sakharov des droits de l'Homme. Prix qui lui avait été attribué par le Parlement européen en 2018, alors qu'il était en prison en Russie. Il a, à cette occasion, fait part de son scepticisme sur les intentions de la Russie.
Les Ukrainiens sont partagés sur le règlement de ce conflit avec la Russie. Et ce sommet Normandie est attendu car il s’agit du premier du genre depuis l’élection, en avril dernier, du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a promis de relancer les efforts de paix. Mais si Vladimir Zelensky a été élu avec plus de 70% des voix et qu’il bénéficie d’une légitimité populaire, il n’en reste pas moins qu’une partie de la population ne voit pas d’un bon oeil cette attitude de compromis vers la Russie.
Au sein du parlement ukrainien, trois groupes politiques ont adressé ces derniers jours une mise en garde à Vladimir Zelensky. Trois groupes politiques dont celui de l’ancien président Pedro Porochenko et celui de l’ancien Première ministre Ioulia Timochenko, ont adopté une déclaration commune en indiquant les lignes rouges que le président ne devait pas franchir.
Si Kiev exige comme préalable le contrôle de ses frontières et le désarmement des rebelles, Moscou juge que la résolution du conflit dans l’Est ukrainien passe, en premier lieu, par l’adoption d’un statut d’autonomie pour Lougansk et Donetsk et la tenue d’élections locales dans ces territoires séparatistes frontaliers de la Russie.
Le président ukrainien se trouve donc sur une ligne de crête, et doit relever un défi: trouver une marge de négociation face à Vladimir Poutine, et ensuite à faire accepter des compromis éventuels à sa propre population. Avant la tenue de ce sommet Normandie le Kremlin a appelé de son côté à ne pas avoir d’attentes "exagérées" de cette rencontre.
Hier à Rome, le pape a appelé à prier pour cette initiative de dialogue politique afin qu’elle puisse contribuer à apporter des fruits de paix et de justice à ce territoire et à son peuple. Rappelons que le conflit en Ukraine a fait plus de 13.000 morts en cinq ans.
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