Après avoir commémoré toute la semaine le centenaire de la fin de la Première Guerre Mondiale, Emmanuel Macron inaugurera en fin de semaine la première édition du Forum pour la Paix, du 11 au 13 novembre prochain. Pas moins de 80 chefs d'Etats et d'organisations gouvernementales y sont conviés.
Le chef de l'Etat s'est inspiré du modèle de la COP 21 pour créer ce Forum de Paris sur la Paix. Il est conçu comme un lieu d'échange et de débat mettant particulièrement en avant les initiatives de la société civile, se voulant être un lieu de partage d'expériences et de solutions.
Ce rendez-vous part de deux constats : d'une part, l'évolution actuelle de notre monde n'est pas porteuse de paix. D'autre part, paix et gouvernance mondiale sont intimement liées. C'est ce qu'explique Justin Vaïsse, le président du Forum de Paris sur la Paix, au micro de Florence Gault.
Pour ne pas se perdre en discussions stériles, le Forum a sélectionné 119 projets venus du monde entier censés favoriser la paix. Dans un entretien à Ouest France, il y a quelques jours, Emmanuel Macron a dressé un parallèle entre la situation des années 1930 en Europe et celle que nous vivons aujourd'hui.
Pour le président de la République, la situation actuelle en Europe serait similaire à "l'entre-deux-guerres". "Dans une Europe qui est divisée par les peurs, le repli nationaliste, les conséquences de la crise économique", explique-t-il, "on voit presque méthodiquement se réarticuler tout ce qui a rythmé la vie de l'Europe de l'après-Première Guerre mondiale à la crise de 1929".
Un avis que ne partage pas Paul Quilès, ancien ministre, notamment de la défense en 1985. Il est aujourd'hui président d'Initiatives pour le désarmement nucléaire. Il estime que le président néglige "les considérables évolutions qu'ont connues la planète et l'humanité depuis cette époque".
Même analyse pour Barbara Lefebvre, enseignante et essayiste, auteur de "Génération j'ai le droit" (éd. Albin Michel), qui a répondu au président dans une tribune publié dans le Figaro. Selon elle, les États-nations européens ne cherchent pas à s'étendre mais à conserver leur souveraineté.
L'Europe se veut au contraire est un rempart à la guerre. C'est pour cela qu'Emmanuel Macron tient tant à sa réforme de l'Europe, alors qu'elle se montre de plus en plus divisée. C'est d'ailleurs bien là l'enjeu de la paix en 2018. C'est du moins l'avis de l'historien allemand Gerd Krumeich. Historien de la Première Guerre mondiale et fin connaisseur de la France, il est professeur émérite à l'université Heinrich-Heine de Düsseldorf, cofondateur de l'Historial de la Grande Guerre à Péronne dans la Somme. Pour lui, il ne faut pas se tromper de conflit. Et surtout il faut unifier l'Europe.
Défendre la paix semble pourtant compliqué dans un monde où les conflits armés se multiplient. En 2016, ils ont tué plus de cent mille personnes. Plus de 68 millions de personnes ont été déplacées en 2017. Si la religion peut alimenter les conflits ou ralentir les processus de réconciliation, le dialogue interreligieux est un moyen d'établir une paix plus durable.
C'est ce que va dire Radia Bakkouch, la présidente de Coexister, une association qui milite pour le vivre ensemble entre les croyants de toutes confessions et les non-croyants, lors de ce forum de Paris pour la paix. Elle participe à une table ronde sur l'importance du dialogue interreligieux.
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