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Foxtrot, de Samuel Maoz

RCF,  - Modifié le 25 avril 2018
Israël/Suisse/Allemagne/France, 2017. Mention du prix SIGNIS Venise 2017 et prix du jury œcuménique au Festival international des films de Fribourg 2018. Sortie en France 25 avril 2018
Sophie Dulac distributionSophie Dulac distribution

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Foxtrot, c'est un film où on danse un peu mais surtout on y parle de deuil et de chagrin, le Foxtrot étant la seule danse où, après quelques pas, on revient toujours à son point de départ... Samuel Maoz, un réalisateur israélien construit son film comme un triptyque où chaque partie a un style visuel et un ton propre. C'est un film aussi brillant que déroutant, qui impressionne fortement.
 
La première partie est la plus éprouvante pour le spectateur. Avec une caméra qui virevolte sur le carrelage géométrique d'une grande pièce, on entre dans le récit par l'annonce de la mort du fils soldat. A la douleur qui saisit le père, les officiels opposent une procédure qui vise d'abord à étouffer cette douleur, à tenir à distance toute marque de chagrin, à empêcher un individu de penser, à le détourner de sa colère.
 
La seconde partie du triptyque nous amène sur le lieu où sont consigné les jeunes soldats. Ils surveillent une route déserte, dans un lieu improbable, où la baraque métallique qui leur sert de maison, s'enfonce inexorablement dans la boue. Est-ce l'image d'une mission vouée à la perte ? Le drame survient, presque par inadvertance, par réflexe. L'armée en dissimule rapidement toutes les traces, empêchant à jamais ceux qui en sont responsables, même involontairement, d'en parler ou de se justifier. Ce panneau central du triptyque est donc le plus critique envers la politique d'un Etat qui, en invoquant la peur de sa destruction, détruit ses propres enfants.
 
Des Etats qui détruisent leurs propres enfants, il y en a beaucoup... et on peut penser en ce moment aux Etats-Unis où le gouvernement est incapable de protéger ses enfants contre les ravages des armes à feux. Les tragédies de l'Histoire sont nombreuses et se retrouvent au fil des siècles et dans toutes régions du monde. Elles ont toujours une charge émotionnelle très forte pour les individus qui en sont victimes.
 
Heureusement, le réalisateur peint le dernier panneau du triptyque avec une grande douceur. La caméra est plus calme, l'image plus réaliste et le père et la mère se retrouvent dans la cuisine, siège de l'intimité et du partage familial. Ils se parlent de Dieu, de culpabilité, les dernières ellipses du scénario sont éclaircies. La vie reprend le dessus.
 
Pour son film Foxtrot, Samuel Maoz a obtenu le Lion d'or au dernier Festival de Venise ainsi que le prix œcuménique au Festival de Fribourg. Les jurés étant sensibles à la mise en scène puissante qui questionne la transmission, mêlant la grande Histoire et les destins individuels.
 

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