Ils se disent fatigués, à bout. Ils ont peur de risquer leur vie chaque jour. Les surveillants pénitentiaires se sont mobilisés ces dernières semaines pour dénoncer l'insécurité à laquelle ils sont confrontés au sein des établissements. Tout est parti de l'agression, le 11 janvier dernier, de trois surveillants par un détenu djihadiste à Vendin-le-Veil, dans le Pas-de-Calais.
Depuis, un vaste mouvement de contestation s'est mis en route. Un mouvement inédit, puisque les surveillants pénitentiaires n'ont pas le droit de grève. Pendant une dizaine de jours, entre 120 et 130 établissements pénitentiaires ont été bloqués sur les 188 que compte la France.
Une série d'agressions dans plusieurs prisons a ravivé le sentiment de ras-le-bol des surveillants qui déplorent à la fois un manque de sécurité mais aussi plus généralement une dégradation de leurs conditions de travail et de leur rémunération. C'est ce dont témoigne David Mansion, secrétaire régional adjoint pour l'Ufap-Unsa-Justice en région Paca.
Après 12 jours de mobilisation, un accord a été trouvé entre la ministre de la Justice, Nicole Belloubet et le syndicat majoritaire parmi les surveillants de prison, l'UFAP-UNSA-Justice. Le texte prévoit 1 100 embauches supplémentaires d'ici à 2021, promet 30 millions d'euros de hausse d'indemnités, renouvelle l'équipement des surveillants et doit améliorer la gestion des détenus radicalisés. La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, souhaite redonner aussi de la dignité dans le travail des surveillants pénitentiaires.
Mais le vrai problème des prisons en France, c'est la surpopulation carcérale. Au 1er décembre 2017, on comptait plus de 69 000 personnes derrière les barreaux. Quasiment un record. Ce phénomène touche particulièrement les maisons d'arrêt, qui accueillent les courtes peines.
Leur taux d'occupation est en moyenne de 142 %. Trois maisons d'arrêt ont un taux d'occupation supérieur ou égal à 200 % : celles de La Roche-sur-Yon, Meaux et Nîmes. Autour de 1 500 personnes dormiraient chaque nuit sur des matelas posés au sol, d'après l'Observatoire international des prisons.
Une situation dénoncée comme chaque année par la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté. Des détenus trop nombreux pour des cellules trop rares, avec des conséquences néfastes. Pour Adeline Hazan, la solution n'est pas "plus de cellules" mais "moins de détention". Des moyens supplémentaires, c'est ce que demande Adeline Hazan, mais la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté demande également à ce que les prisons soient rénovées, et pas seulement que des places supplémentaires soient créées.
Joaquim Peyo est l'ancien directeur des prisons de Fresnes et de Fleury-Merogis. Aujourd'hui, député-maire socialiste d'Alençon, il raconte son expérience dans un livre "Des hommes et des murs" aux éditions du Cherche-Midi. Il y raconte notamment avoir fait "de belles rencontres en prison". Il livre sa définition de ce que doit être la prison.
Réussir à trouver l'humanité de ces hommes et de ces femmes qui ont parfois commis l'irréparable, c'est aussi l'une des missions des aumôniers de prison. Le père Didier Hascoet a été aumônier au centre pénitentiaire de Toulon-la Farlède pendant huit ans, il vient de publier "Aimable comme une porte de prison" aux éditions Résiac. Etre aumônier, c'est découvrir la vie des détenus, mais aussi la vie des gardiens de prisons qui les accompagnent au quotidien. C'est ce dont témoigne notamment le père Hascoet dans son livre.
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