Après cinq mois de mobilisation des Gilets jaunes et après plus de deux mois de grand débat, comment répondre maintenant aux aspirations sociales ?
Mardi 9 avril dernier, devant les députés, et à l’occasion de la présentation de ses conclusions du grand débat, Edouard Philippe a évoqué le "malaise profond de nos compatriotes". Un malaise perçu également par François Dubet. "Il y a plusieurs manières de le définir. Il me semble que ce que nous vivons aujourd’hui, ce n’est pas simplement l’explosion des inégalités sociales, ce que nous vivons, c’est une transformation de la nature des inégalités" explique ce sociologue, spécialiste de l’école et des inégalités sociales, auteur de "Le temps des passions tristes : inégalités et populisme" (éd. du Seuil).
"Aujourd’hui, chacun d’entre nous a le sentiment d’être défini par une agrégation de plusieurs petites inégalités qui sont aussi vécues comme des agressions, comme des formes de mépris. Ce qui compte dans la vie sociale, ce sont les petites inégalités, qui ne sont pas si petites. On le voit bien dans le mouvement des Gilets jaunes, les gens parlent pour eux, de leur situation à eux. Les grandes inégalités, elles, sont plus éloignées" ajoute le sociologue.
Pour répondre à cette demande d’écoute, le gouvernement a donc mis en place ce grand débat. Une mesure inévitable pour François Dubet. "A partir de novembre, vous avez des colères. Ces gens ne parviennent pas à construire une demande. Ils demandent un peu tout et le contraire de tout. Ce peuple-là est extrêmement hétérogène. Et pour n’importe quel gouvernement, dès lors que vous n’avez plus de syndicat qui parle en leur nom, il a fallu construire la demande sociale à laquelle il devait répondre. C’est une situation au caractère paradoxal" lance-t-il.
"Nous sommes dans une situation où les partis politiques se sont constituées comme des banques de la colère. J’ai le choix entre la colère de Mélenchon, mais Rufin est plus en colère que Mélenchon. Marine Le Pen est encore plus en colère etc. Ils veulent mobiliser les colères. Je crois que les partis politiques devraient apprendre à mobiliser des espoirs. Cette France-là existe" conclut François Dubet.
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