A Sevrier, au bord du lac d'Annecy, la paroisse catholique distribue des denrées aux personnes précaires. Une initiative née pendant le premier confinement de 2020, en lien avec des habitants et associations laïques du secteur. Et cela perdure, tous les mardis! Autour de cette distribution: des cours d'alphabétisation, des dons de vêtements, un café proposé... Objectif: créer du lien.
Il est 9h ce mardi matin, et la salle paroissiale de Sevrier fourmille déjà. Au bout d'une file d'attente, derrière une petite table, Bruno et Zorah distribuent des jetons. Ces petits carrés de bois numérotés permettront à leurs détenteurs de revenir à la mi-journée, à un horaire précis, chercher des denrées alimentaires. Bruno est paroissien. Zohra bénéficie elle-même de la distribution alimentaire: "j'avais envie de donner de mon temps, de participer à ma manière!" explique t-elle. "En plus, Zohra apporte chaque semaine un gâteau, on se régale!" souligne Bruno.
Dans la file : des travailleurs au chômage et des saisonniers : "ça ira mieux cet été" lance un grand gaillard barbu, avec un sourire. On rencontre aussi des demandeurs d'asile, comme ces dames congolaises avec leurs poussettes. Depuis quelques semaines, des familles ukrainiennes grossissent les rangs. "Elles ont fui la guerre. Ici des familles leurs prêtent un appartement, mais sans pouvoir forcément les nourrir. Alors en attendant de trouver des petits boulots, il faut bien trouver à manger pour tenir la semaine" explique une traductrice.
Après la distribution des jetons, des bénévoles proposent des cours d'alphabétisation et un café à tous ceux qui le souhaitent. Pendant ce temps, d'autres font la tournée des supermarchés, pour récolter les denrées alimentaires avec la camionnette prêtée par le Secours Populaire. D'autres, encore, préparent les étals pour la distribution. Et puis il y a Ali et son équipe, qui récupèrent et trient des vêtements et autres objets. En tout, une cinquantaine de bénévoles répondent présent, chaque mardi. Comme Steven, étudiant, qui a découvert l'initiative en attendant son bus à côté de la salle: "Je me suis proposé pour aider et rencontrer des gens, créer du lien!".
Cheville ouvrière de l'action: Marie Barbieri, investie dans la paroisse. "Tout a commencé pendant le confinement de 2020. Les restaurants se sont retrouvés avec du surplus, l'Ordre de Malte m'a contacté pour savoir si la paroisse pouvait distribuer... et c'est parti!". Quotidienne pendant le confinement, la distribution est ensuite devenue hebdomadaire. L'action s'est structurée, en lien avec des associations laïques et les municipalités. "Au début, les paroissiens étaient persuadés qu'il n'y avait pas de pauvres dans notre secteur! Finalement, nous aidons une centaine de familles" analyse Paul Gruffaz, diacre et bénévole. A 11h45, le camion est vidée, les bénéficiaires détenteurs des premiers jetons font la queue. Marie et Paul proposent une prière à tous les bénévoles qui le souhaitent. "C'est le socle de notre initiative. Nous faisons cela au nom du Christ et pour le Christ!" conclut Marie.
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