En France comme en Europe, l'extrême droite progresse: la tentation du vote Front National est une réalité pour de nombreux citoyens français. 30% des électeurs s'apprêtent éventuellement à donner leur suffrage à Marine Le Pen, d'après les sondages. Pour tenter de comprendre ce phénomène, la revue Projet vient de publier un numéro spécial: "Extrême droite : écouter, comprendre, agir". Un numéro qui a fait grand bruit car il a été distribué aux lecteurs du quotidien La Croix ce vendredi 7 octobre, en complément du journal.
Projet, c'est la revue qu'édite le Centre de recherche et d'action sociales (Ceras), anciennement Action Populaire. Une association fondée par les jésuites et qui comprend aujourd'hui des prêtres et des laïcs. En consacrant un numéro de leur revue à l'extrême droite et au vote Front National, le Ceras répondait à une demande d'organisations "présentes sur le terrain", comme l'explique Jean Merckaert, son rédacteur en chef.
Parmi ces associations, citons le Secours catholique, Les Scouts et Guides de France, le MRJC (Mouvement rural de jeunesse chrétienne), Pax Christi, le CCFD-Terre solidaire... Des associations dont les membres se sont dits "préoccupés" par les discours d'exclusion de l'étranger et de rejet de l'autre. "Ce qui préoccupe le plus les associations avec lesquelles nous avons travaillé c'est la propagation des idées d'extrêmes droite dans le débat public: 'repli sur soi, retour à un âge d'or, non à la différence, non à l'étranger'. Le Font National n'en a pas le monopole mais c'est son socle", souligne Jean Merckaert. Qui souligne que la revue Projet n'a pas souhaité adopter une "attitude de condamnation" mais tenter de comprendre un sujet "extrêmement clivant au sein des familles françaises". Pour "reprendre la discussion sur des bases rationnelles".
Traditionnellement les électeurs du Front National "se situent plutôt à droite", observe Nonna Meyer. Mais - et c'est là où il progresse - le vote FN attire aussi des électeurs qui ne sont "ni à droite ni à gauche." Ce que constate également Valérie Igounet: "Beaucoup s'apprêtent à voter FN car ils ne croient plus dans les deux autres partis de droite et de gauche." L'historienne parle de "désespérance politique".
"Pas seulement un vote de rejet, aussi un vote d'adhésion", selon Nonna Meyer. Le vote FN traduit "un sentiment profond d'abandon, de trahison des élites tellement parisiennes, déconnectées de ce que vivent les sans-voix, un sentiment d'humiliation aussi", a observé Jean Merckaert. Il n'y a pas de portrait-type de l'électeur FN, précise la politologue, "ce vote prend dans toutes les catégories de la population". Ce qui relie entre eux les électeurs: l'inquiétude devant l'immigration. Plus de 90% des électeurs du FN considèrent qu'il y a trop d'immigrés en France.
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