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Gaza, la désolation
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Gaza, la désolation

RCF,  -  Modifié le 21 mai 2021
Le responsable de la mission d'accueil des pèlerins du Secours catholique à Jérusalem, Bernard Thibaud, revient sur les derniers événements sur place.
Vue sur le Mur des Lamentations à Jérusalem (Alexander Spatari/Getty Images) Vue sur le Mur des Lamentations à Jérusalem (Alexander Spatari/Getty Images)

Le Secours Catholique est présent en Terre Sainte à travers de nombreux partenaires sur le terrain à Gaza, en Palestine et Israël, notamment Caritas Jérusalem. Mais aussi grâce à la Maison d’Abraham qui porte à Jérusalem une mission d’accueil des pèlerins pauvres de toute religion, à l’instar de la Cité Saint Pierre à Lourdes.  Notre ancien secrétaire général, Bernard Thibaud, en est désormais le responsable et je me propose de vous partager ce matin le témoignage qu’il nous a écrit hier de Jérusalem, 10 jours après le début de ces événements dramatiques.
 
Chers amis,
 
Quelle désolation de voir ces deux peuples frères se déchirer avec tant de violence !
 
Il y a dix jours, en plein Ramadan, nous assistions depuis la Maison d’Abraham, impuissants, aux affrontement entre policiers et fidèles musulmans sur l’Esplanade des Mosquées. L’escalade militaire qui s’en est suivie entre Israël et Gaza a tué à ce jour 12 israéliens et 240 palestiniens, dont une soixantaine d’enfants.  Chaque vie perdue est une tragédie. Depuis quelques jours, dans les villes d’Israël et de Palestine, les communautés voisines juives et arabes se déchirent avec émeutes, agressions et ratonnades. Des colons d’extrême-droite alimentent cette violence pour tenir le pays en état de siège.
 
C’est un sentiment de désolation, de grande tristesse et d’impuissance qui nous envahit aujourd’hui. Face aux violences sur l’Esplanade des Mosquées, m’est venu à l’esprit ce verset d’Evangile où Jésus pleura face à la ville de Jérusalem en disant : « Ah ! si toi aussi tu pouvais reconnaître les chemins de la paix ! » (Luc 19, 41).
 
Il est bien difficile de tirer le vrai du faux au milieu de la propagande des chefs de guerre. Alors j’interroge nos partenaires israéliens et palestiniens sur ce que nous pouvons faire. Leur réponse est claire et directe : « Dites la vérité, décrivez la réalité telle qu’elle est à vos peuples et gouvernants ».
 
Cette explosion de violence prend sa source dans une longue histoire de souffrance et d’injustice. Après des années d’humiliation et d’occupation, le peuple palestinien est exsangue et les jeunes désespérés. Le Hamas instrumentalise cette désespérance et l’utilise à ses propres fins dans une violence aveugle.
 
Les responsables politiques manipulent la peur, l’ignorance et les extrémismes pour s’accrocher au pouvoir. La construction du mur a renforcé la méconnaissance de l’autre. Le cloisonnement a provoqué la surdité et la cécité de beaucoup d’Israéliens sur les situations d’injustice et de sous-développement dans les territoires occupés et Gaza. 
 
Devant tant de souffrances, deux mots résonnent aujourd’hui dans mon esprit : le « Shéma Israël - Ecoute Israël », cette profession de foi de tout un Peuple en un Dieu unique, un Dieu Un qui est tout à la fois Amour, Miséricorde et Justice ; cet engagement à entendre le cri des pauvres et des humiliés ; cet engagement à déraciner toutes les idoles du cœur de l’homme: les idoles du pouvoir, de l’argent, du nationalisme, de la violence, de l’instrumentalisation de Dieu, du racisme, de tous les extrémismes.
« Ecoute Israël… »
Pour sortir de l’impasse politique, il faudra des hommes et des femmes qui écoutent et qui voient la misère de leur peuple avec les yeux du cœur. Il n’y aura pas de paix sans justice. Pas de paix sans mettre fin à la colonisation et à l’occupation israélienne.  J’entends dire qu’Israël préfère la sécurité à la paix. C’est une illusion. Il n’y aura jamais de sécurité durable sans la paix, ni de paix sans justice.
 
Je vous partage enfin ces mots bouleversants d’une personne en précarité de Rennes venue en pèlerinage juste avant la pandémie, qui fait tant écho aujourd’hui : « Au jardin des Oliviers, où Jésus a pleuré, ça m’a donné une émotion. Maintenant, on a une mission : il faut aider Dieu à ne pas baisser les bras, cela fait mal de voir des gens qui souffrent. Il faut qu’on reste humain. Il faut se battre pour sauver ceux qui ne savent plus être humains ».
 
Soyons sans relâche des artisans de paix, là où nous sommes.
 
Bernard Thibaud

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Émission La chronique du Secours catholique - Caritas France ©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
La chronique du Secours catholique - Caritas France

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