Devant l’ampleur de la crise, Emmanuel Macron a demandé à Edouard Philippe de recevoir dès lundi matin les chefs de file des partis politiques et les gilets jaunes pour tenter de trouver une solution politique. Mais cette colère sourde contre contre la taxe carbone dissimule un malaise plus profond et interroge justement sur l’exercice de la démocratie.
Depuis plus de deux semaines maintenant, les gilets jaunes ne décolèrent pas. Ils manifestent contre la hausse des prix des carburants et pour l'augmentation du pouvoir d'achat. Né sur les réseaux sociaux, ce mouvement se présente comme citoyen et apolitique.
Il révèle en fait le malaise profond qui existe aujourd’hui entre les citoyens et les corps intermédiaires. Pour Quentin Sauzay, président et cofondateur d'Echo, le premier lobby citoyen participatif non partisan, c’est une phase nouvelle de notre démocratie qui se joue aujourd’hui.
Ce mouvement des gilets jaunes révèle le fossé entre une partie de la population et les élites. C’est aussi le constat de l’échec de la démocratie représentative. Derrière cette défiance et ce rejet des élites, se cache des interrogations sur la légitimité de choix politique mais aussi la question de la représentativité de certains élus.
A ce sujet, Quentin Sauzay est formel : il faut remettre le citoyen au coeur du processus de décision. Non pas dans le cadre d'une réunion entre le gouvernement et un collectif mais plutôt sur le terrain en associant les administrés aux décisions et aux projets communs. C’est à dire en redonnant toutes ses lettres de noblesse à la démocratie participative. Ce que fait depuis longtemps Jo Spiegel, le maire de Kingersheim, une commune de 13.000 habitants dans le Haut-Rhin, à quelques kilomètres de Mulhouse.
Jo Spiegel préfère d'ailleurs parler de "démocratie-construction" plutôt que de démocratie participative. Pour le philosophe Jean-Pierre, Rosa membre des Semaines Sociales de France et auteur de "Ce que dit la Bible sur la ville" (éd. Nouvelle Cité), l’exemple du maire de Kingersheim est une réponse à la crise démocratique. Il défend une juste articulation entre participation citoyenne et démocratie sociale.
Outre cette expérience locale, il existe aussi un laboratoire de la démocratie participative : les halles civiques. Deux lieux situés dans le XIème et le XXème arrondissement de Paris. Ils accueillent une vingtaine d’associations, d’entreprises qui agissent pour développer la participation citoyenne et le débat public. Ils partagent une conviction : les pouvoirs publics sont déconnectés du réel. Un sentiment grandissant, en France, à l'approche des fêtes de fin d'année.
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