La diffusion de ce film dans les salles de cinéma n’a pas été une mince affaire. Les avocats du prêtre lyonnais mis en examen pour agressions sexuelles avaient assigné en référé François Ozon pour obtenir un report de la sortie de son film. Le tribunal de grande instance de Paris a considéré que la demande n’était pas recevable dans le mesure où plusieurs messages insérés à la fin du film rappellent la présomption d’innocence dont bénéficie encore le père Preynat. RCF Lyon a pu interroger le réalisateur.
"Le film est une fiction car c’est une reconstitution. Ce n’est pas un documentaire. Je n’interviewe pas les personnages de cette affaire. J’ai décidé de les faire incarner par des acteurs. J’ai fait un long travail d’investigation, j’ai rencontré tous ces personnages, j’ai écouté leur histoire. Et à partir de leur histoire j’ai écrit un scénario qui respecte je pense les faits. Après, forcément, il y a quelques libertés, notamment autour de l’entourage des victimes. Il y a des gens qui m’ont dit des choses extrêmement intimes, des choses encore plus violentes que ce qu’il y a dans le film, des choses encore plus graves, et par respect pour leur intimité je ne les ai pas racontées. J’ai fait en sorte que les trois acteurs principaux ne rencontrent pas les trois victimes dont je parle. Ils se sont rencontrés une fois le film terminé. J’ai juste essayé de faire des liens de scénariste entre plein de choses, essayé de raconter une histoire très particulière mais en même temps, qui acquiert des qualités d’universalité. Cela se passe à Lyon, mais cela pourrait se passer en Amérique du Sud, en Italie ou en Espagne" explique François Ozon.
"Je n’ai pas eu besoin de les rencontrer. Pour moi, le vrai sujet du film, ce sont les victimes. Après il y a des personnages secondaires. Et pour ces personnages, j’avais tout ce qu’il me fallait. J’ai utilisé toutes les déclarations publiques alors que sur les victimes, comme je suis sur la vie privée, j’ai gardé les prénoms et changé les noms de famille pour protéger les enfants, les parents, les frères et sœurs" ajoute-t-il.
"Cela vous donne une responsabilité. Surtout quand ce sont des personnages que vous admirez. Vous avez envie d’être à la hauteur de leur combat, de ne pas les trahir. J’ai aimé rencontrer des gens qui ne sont pas tout noir ou tout blanc. Ce sont des êtres humains avec leurs failles, leurs émotions, leurs emportements. J’ai essayé de restituer cela dans le film, pour tous les personnages. J’ai essayé de montrer une part d’humanité pour toutes ces personnes impliquées dans l’affaire" conclut le réalisateur du film "Grâce à Dieu".
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